ANTHEMS OF STEEL VI 2024 le Report Day 1

Report par Sabrina M. Lozen – Photography / extrait vidéo kermhit

Printemps 2024.  Une pluie tenace a envahi l’Hexagone, sans pitié pour les râleurs invétérés et les agriculteurs dépités, rendant le cœurs moroses et les herbes folles.  Et pourtant, en ce début mai, la déferlante grise a déguerpi du champs de bataille qui se prépare aux pieds de la cité médiévale de Chauvigny, dans le département de la Vienne, pas très loin de Poitiers.  A croire que quelques blasts tonitruants, hurlements sanguinolents et riffs tranchants soient suffisants pour faire fuir le déluge dans la précipitation.   Mais pas de panique, les jeux de mots douteux, par contre, sont bien de la partie, ça promet….

C’est donc sous le soleil et la douceur que démarre cette 6ème édition de l’Anthems of Steel au Théâtre Charles Trénet, pendant que les 5 châteaux médiévaux de la commune dominent imperturbablement les hauteurs.  Ce festival, c’est avant tout un état d’esprit et une motivation sans faille, organisé par l’asso Anthems Of Steel, basés en  Vienne et en Deux Sèvres, et dont la vocation est de mettre en avant la scène Métal de type old school et underground.  Autant dire que la prog de ces 3 jours se focalise sur un public certes plus restreint que pour certains évènements infernaux de grande ampleur, mais surtout plus averti et passionné, pour qui le Métal est avant tout une culture, un mode de vie faisant partie intégrante de son ADN.  Ça va palabrer de musique avec ferveur entre chaque set, sans oublier de déguster une bière bien fraîche au soleil.  Les hymnes sont prêtes pour l’acier le plus trempé !

Jour 1 – 09/05/2024

Pour s’échauffer avant de rentrer sur le ring, rien de mieux qu’un petit Warm Up qui nous est concocté par les organisateurs dès le jeudi soir.  Cette première salve se déroule dans la salle de réception qui fait face au Théâtre Charles Trénet.  Dénommé « La Poterie », on imagine le lieu plus habitué aux réunions de retraités le samedi après-midi qu’aux déferlantes bruyantes qui se préparent ce soir.  Ça permet d’arriver peinard à 19h, et d’aller boire une petite starpils (Vade Retro Satanas) ou une IPA, qui sauve les meubles, au bar installé dans le chapiteau sur l’espace entre les 2 salles.

Mais trêves de tergiversations houblonnées, 20h a sonné et ceux qui ont la lourde tâche de porter la flamme métallique jusqu’au chaudron infernal se mettent en place.  The Last Oath, ce sont 3 compères, dont Shaxul, qui a décidément le don d’ubiquité, à la batterie.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Originaires de la région aussi, on pourrait donc les croire en terrain conquis.  Ce n’est pourtant pas si évident car poser un rock qui mélange sans vergogne des teintes gothiques, death, voire punk, de manière subtile et équilibrée, est un défi difficile.  Et le combo s’en sort plutôt bien, étant donné que la formation est plutôt récente, avec un seul album et un EP à leur actif à ma connaissance.

Anthems-of-Steel 2024

Des variations de structures émaillent les compos, sans rechigner sur la profondeur.  C’est bien noir et lourd, le chant est froid et appliqué.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Il manque peut-être encore la puissance émotionnelle qui rend un live hypnotique, ce qui peut soit être dû à un manque d’expérience par lequel tout le monde passe, soit au fait que je sois un peu engourdie en ce début de fest, mon cerveau ne s’étant pas encore configuré en mode « ça va dégommer grave ».  Ce n’est visiblement pas le cas de tout le monde dans le public, certains sont déjà suants et hurlants leurs tripes et boyaux à tout va !  Il va me falloir un peu plus de temps pour me mettre au diapason mais ça ne saurait tarder.

On se déplace un peu vers l’Ouest pour la suite, en allant chercher l’inspiration en Vendée avec Lord Gallery.

Anthems-of-Steel 2024

Quand le seigneur maudit emmène la Chasse Gallerie vendéenne dans un tourbillon infernal, ça donne un Heavy épique d’obédience old school mais empreint d’un je-ne-sais-quoi de local, comme si tous les contes folkloriques de l’enfance avaient pris corps dans des riffs efficaces soutenus par une batterie cataclysmique.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Bref, si les fondamentaux du genre sont bien présents, les compos n’hésitent pas à s’en éloigner subtilement,  que ce soit au niveau du chant hargneux qui monte en puissance sans ambages, que des guitares qui s’envolent régulièrement en mode Speed avant de redescendre s’écraser avec lourdeur sur le riffing qui n’avait rien demandé (en apparence).

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Les refrains accrocheurs, si typiques du style, ne prennent ici pas toute la place, laissant les compositions gagner en profondeur et technicité.  C’est certes moins galvanisant en live que du bon vieux Heavy tradi, mais ça laisse transparaître une personnalité musicale qui ne demande qu’à enchanter les fans de variétés dans le Métal (je touche le fond là…).

Pour terminer cette première mise en bouche, c’est au tour d’Atrocia de nous montrer ce qu’ils ont dans les tripes.  J’avais déjà eu l’occasion de me faire exploser les tympans grâce à leur Brutal Death au Muscadeath en 2023, et ils n’ont visiblement pas choisi de se calmer entre-temps.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Il faut croire que les vents de l’Atlantique qui soufflent sur Saint-Nazaire recèlent une violence démoniaque qui s’est immiscée dans leurs compositions avec autant de légèreté qu’un boa qui a englouti un 6 tonnes. De quoi écraser la foule bien comme il faut !

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Entre les passages blastés et les riffs teigneux, il n’y a aucun moyen d’échapper à cette impétueuse violence, je mets quiconque au défi d’en ressortir sans la moitié des cervicales en miettes microscopiques.

Anthems-of-Steel 2024

Même les passages plus techniques et les cassures rythmiques sont là pour passer le public à la moulinette, ça sent l’esprit du Death old school à plein poumon, avec quelques  sonorités Thrash tout aussi vindicatives.

Cette fois, c’est bon, je suis reformatée avec un code erreur 666, il va me falloir défragmenter tout ça avant l’orgie de demain, pour ne pas finir en growlant et bavant comme une damnée, tout en gardant mon sens de l’humour hautement raffiné.  Je vais donc sagement rejoindre Morphée qui m’a concocté une playlist de Thrash-Death comme berceuse.

 

 

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