ANTHEMS OF STEEL VI 2024 le Report Day 2

Report par Sabrina M. Lozen – Photography / extrait vidéo kermhit

REPORT DAY 1

Jour 2 – 10/05/2024

Le soleil nous gratifiant toujours de sa présence ce matin, une horde de festivaliers de tous poils se déploient dans Chauvigny pour prendre d’assaut les terrasses du centre-ville, pour assiéger le jardin public, ou pour envahir la cité médiévale qui surplombe les lieux.  Une fois rassasiés, réveillés, ragaillardis ou tentant juste de gérer une gueule de bois persistante, tout ce beau monde peut ensuite rejoindre la salle de concerts pour le début de la bataille prévue à 15h.

Pour les traînards, l’espace extérieur à la salle a été agrandi pour accueillir 3 foodtrucks proposant pizzas, burgers, poulet curry, et leurs alternatives végétariennes.  Le bar extérieur est toujours d’aplomb, suppléé par celui à droite de la salle pour les impatients.  Et pas besoin de salir les vestes à patchs, pantalons militaires, et autres vêtements ornementés, en s’asseyant par terre puisque des tables et chaises sont mises à disposition sur la pelouse.

Il est temps maintenant de passer aux choses sérieuses avec la montée sur scène de notre premier groupe de la journée.  Je découvre Swamp Lordz, venu de Poitiers,  et leur Sludge-Doom qui assène d’emblée une atmosphère de plomb.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Les membres du combo font corps avec leur musique et chaque note semble leur vriller l’âme sans ménagement.  Le public courageux venu dès l’ouverture, bien qu’encore assez réduit, se laisse porter par la puissance et le son lourd des compos, se laissant entraîner vers les tréfonds de la noirceur par les puissances chthoniennes.  Aucun échappatoire possible !

Anthems-of-Steel 2024

Puissamment ancrée dans un sol qui sent la terre consumée, sans fioritures superflues, c’est une musique introspective qui nous permet de nous préparer avec subtilité pour la suite des offensives.

Vient ensuite les Montpelliérains de Zoldier Noiz qui n’a pas l’intention de nous laisser bercer tranquillement au soleil en sirotant une petite pils pas encore tiède.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Des riffs électrisants, une rythmique enfiévrée, des guitares nerveuses…pas de doute, voici un Thrash old-school d’un bon crû.  C’est assez incisif pour transformer l’air de la fosse, qui se rempli peu à peu, en gouttelettes de sueurs rageuses.  Quelques soli percutants décorent l’ensemble dans une danse endiablée jouissive.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Une petite singularité résonne néanmoins dans ce live.  Le chant est grave et presque désenchanté, ce qui détonne avec les voix criardes plus classiques du genre.  De quoi amener un petit état d’esprit légèrement Death et une touche personnelle qui n’est pas pour me déplaire !

Une fois n’est pas coutume, je rate la performance suivante à cause de discussions artistico-philosophiques qui se sont un peu trop éternisées.  Dommage car le Heavy-Speed du tout jeune groupe de Parisiens, Dunwitch Ritual, me promettait un petit moment acéré parfaitement adapté à l’esprit de ce week-end.  Pas la peine de vous lancer dans un sort satanique pour me maudire, j’irai à confesse au premier bar venu en buvant quelques Inavouables Perfides Amens.

Allez, je me rattrape pour la suite en m’immergeant corps et âme dans la performance des tant attendus Witches.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Est-ce encore bien nécessaire de présenter ces vieux routards du Death-Thrash originaire d’Antibes, formé en 1986, et ayant acquis une notoriété non galvaudée car il fut le premier groupe français à voix féminine gutturale.  Et Lady Sibylle Colin-Tocquaine, seule membre d’origine restant, nous décoche d’emblée ses plus beaux uppercuts hurlants, sur une scène qui transpire une brutalité à faire pâlir de jalousie les stars de catch US les plus vénères.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Les compos affûtées old-school mélangent allègrement lignes mélodiques et variations de tempos, des breaks tranchants et des rythmiques furieuses.

Anthems-of-Steel 2024

L’ambiance est angoissante par moment, frénétique à d’autres, le groupe se fait le parangon d’un style dont la fanbase ne décroît pas malgré sa longévité.  Comme dirait Sutherland dans Génération perdue « Haaa, j’me sens mieux maint’nant » (comment ça, mes références sont quelque peu dépassées ?).

Et sans pitié pour nos vertèbres déjà bien malmenées, c’est au tour de Venefixion de venir nous montrer de quel crucifix ils se chauffent.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Bon sang, les Bretons, grimés de manière parfaitement cradingue, nous décochent un Death aussi malsain que pénétrant qui envahit la salle dans une hymne putride !  Sur fond de blasts possédés, de hurlements infernaux, de riffs rugueux et de passages plus lents et angoissants, les compos nauséabondes finiraient presque par nous terroriser pour de bon.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Toute cette sauvagerie nous propulse entre leads pénétrants et rythmiques accrocheuses sans ménagement, menant le public à tenter l’exutoire du moshpit pour ne pas mourir d’effroi. Dans un pur Death sale à la Necrowretch pour ne citer qu’eux, la Bretagne a encore sévit, décimant la moitié des troupes de l’Acier poitevin en 45 minutes.  Les survivants vont devoir assurer bravement face à la dernière vague qui se prépare.

A partir de maintenant, on quitte le territoire pour aller tout d’abord voir ce qui se passe du côté des Teutons.  Et bien visiblement, le sol germanique est particulièrement adapté pour faire pousser les murs d’amplis Marshall.  Évidemment non branchés, c’est juste pour en mettre plein la vue, car les murs du Théâtre Charles Trénet ne survivraient pas à un séisme décibelique de cette ampleur.  L’influence des gros bras de Manowar a encore frappé !  Et le show de Cruel Force est dans la même veine, ça explose de partout, ça sent le sang et la sueur, dans une frénésie guerrière qui ne déroge pas au Thrash old-school.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Les entrechoquements d’épées, pardon, de manches d’instruments, finissent même pas créer des étincelles noyées dans une fumée apocalyptique.  La musique des compères, très lookés années 80s, déferle furieusement sur nos nuques.

Anthems-of-Steel 2024

Sans tomber dans la redondance piégeuse, les compos offrent des variations entre passages mid-tempos et envolées épiques, le tout saupoudré d’harmonies qui sonnent très heavy et des attaques plus speed au rouleau compresseur.  C’est donc surtout le visuel qui tombe dans le cliché, et tout en restant parfaitement efficace en live, la setlist ravit par sa qualité et sa diversité de sonorités qu’elle apporte.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

Le public se laisse entraîner par cette folie ravageuse sans concession, alternant entre sourires pantois et grimaces de possédés.

Nous voilà arrivé à l’affrontement final, avec le groupe que j’attendais avec impatience pour mener les troupes.  Hormis le Métal de la taïga, j’ai toujours eu un petit faible pour les réalisations du pays de Dante.  Les Italiens apportent presque toujours une patte très spécifique riche en émotions, et ce, quel que soit le genre qu’ils jouent.  Et ce soir, c’est du Doom majestueux, celui d’Abysmal Grief, qui vient savamment nous hypnotiser.

Anthems-of-Steel 2024

Anthems-of-Steel 2024

C’est un groupe que j’ai découvert à une période très spéciale de ma vie, et j’avais été irrémédiablement conquise, mais c’est la première fois que je les voyais en live.  Et bien, le charme opère aussi sur scène !  La scénographie est travaillée sans être kitch, avec quelques traditionnels candélabres, bougies, statues de la vierge, et même quelques fleurs, le tout encadrant le pupitre noir orné d’une croix chrétienne.  La messe funèbre est lancée !

Anthems-of-Steel 2024

Le chanteur vient psalmodier avec ferveur sa foi dans la noirceur occulte avec des trémolos subtilement posés.  Les litanies obscures prennent possession de la salle, portée par des torches d’encens rendant l’air à la limite du respirable.  Ce son de guitare tranchant et profond, qui m’exalte à chaque fois, déforme la réalité, on ne sait plus trop si on est dans les profondeurs d’un tombeau ou dans un tourbillon chaotique infernal.

Anthems-of-Steel 2024

Le tempo est bien sûr lent, mais entrecoupé de passages plus nerveux, amenant la tension à son paroxysme fiévreux.  Les arrangements travaillés instillent une ambiance mortifère dans la plus belle veine du Doom traditionnel, mais qui porte haut et fort le mystère du gothique solennel qui rendrait presque épanoui.  Bref, même les Hardos les plus endurcis dans la salle sont en transe, figés dans une extase mystique.  A moins que ce ne soit l’association encens-bière qui n’embue leurs esprits en cette fin de soirée ?

Anthems-of-Steel 2024

Heureusement, il existe un moyen, certes fortuit mais efficace, de les faire redescendre sur Terre.  Avec un chanteur qui fume durant tout le set et des torches qui enfument la salle et brûlent les barbes des photographes trop téméraires, la soirée ne pouvait que se terminer….par le réveil du détecteur de fumée ! Pas de quoi égorger un chat noir, heureusement, mais finir cette performance parfaite à tous les niveaux par une alarme à incendie tonitruante, ça fait son petit effet !

Personnellement, j’aurais bien prolongé la vision mystique au delà d’une heure, et c’est avec une certaines tristesse que je me dirige vers la sortie avec le reste du public halluciné pour terminer tranquillement cette journée riche en découvertes et moments musicaux intenses.  De quoi attendre fébrilement l’issue de la bataille qui se prépare pour demain !

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