Report par Sabrina M. Lozen – Photography / extrait vidéo kermhit

REPORT DAY 1

REPORT DAY 2

Jour 3 – 11/05/2024

Rien de tel, après le café matinal, de déguster une petite bolée de cidre sur une terrasse de la cité médiévale avant de se lancer dans la dernière mêlée infernale.  Une fois mise en conditions, je me rends donc revigorée vers la salle afin de prendre position pour le premier groupe.

C’est à Infamy que revient l’honneur de la première salve dévastatrice à 14h.

Comme s’ils voulaient nous ménager un minimum, les Lillois démarrent leur set tout en douceur, histoire que les gueules de bois n’explosent pas en épidémie de migraines incontrôlable.  Mais l’entrée en matière est de courte durée, et bien vite, c’est un Black/Death décadent qui entre en scène.  Avec une puissance de feu sans nom, les compos s’enchaînent dans une atmosphère glaciale à faire trépasser les morts.

Au milieu de mélodies macabres tissées avec le nerfs des damnés, le son est pesant puis soutenu et rageur, sans artifices, juste fait pour entraîner vers les abîmes les plus noires ceux qui s’extasiaient sur la chaleur du soleil ce matin.  Avec une rage bestiale palpable, les hurlements primitifs répondent aux riffs cinglants avec simplicité et efficacité.

Pour soigner la migraine, c’est raté, on vient de se prendre un gros parpaing enrobé de plomb dans la tronche, et on en redemande !  Maso, les Métalleux ?

Quelque chose me dit que ce n’est pas Iron Flesh qui va nous sortir des ténèbres aujourd’hui.

Et en effet, depuis ma dernière confrontation avec le groupe bordelais au Muscadeath, ils ont encore, semble-t-il, alimenté leur Death Métal de brutalité malsaine et ravageuse.  Ils ont clairement amélioré leur performance live qui engloutit tout sur son passage avec détermination !

Les passages en mid-tempo écrasants laissent place à des envolées plus nerveuses mais toujours sales et malsaines.  Et ce ne sont pas les mélodies froides et teigneuses qui parsèment le set qui vont apporter une peu de légèreté à l’ensemble.  Tout au plus une profonde envie d’en découdre avec un bélier en acier trempé ! Les riffs écrasants portent les guitares bien graisseuses rappelant une certaine influence suédoise, avec un groove qui ne laisse aucune nuque indifférente.

C’est pesant, presque Doom par moment aussi, même si le canevas de base reste bien du Death old-school.  Un excellent moment avec ce groupe qui s’attelle à personnaliser sa musique avec subtilité pour se distinguer sans brusquer les cœurs insensibles.

A ce stade du festival, il nous manquait peut-être une orgie musicale estampillée « Hail Rock’n’Roll » mais les organisateurs ont tout prévu, puisqu’ils ont programmé une bande d’affreux qui n’attendent que le bon moment pour en découdre et faire fondre le bitume sous les roues de bonnes vieilles harleys.  Et vlan, voici donc Mobütu, un gang de Heavy Rock.

Ça sent Motörhead, les Ramones ou Nashville Pussy, rien que du délicat quoi !  Et non, ils ne viennent pas des US mais bien de Vendée, mais on leur pardonne volontiers au vu de l’ardeur communicative qu’ils mettent dans leur show.  Une rythmique énervée, des envolées de soli particulièrement inspirés, j’en arrive à avoir du mal à prendre des photos tellement je me déchaîne dans le pit !

C’est direct, rageur et engagé, une recette parfaite pour rendre hystérique un public enthousiaste, toutes générations confondues.  Au point de rester en apnée durant 40 minutes, pas le temps de reprendre son souffle, les riffs voltigent dans tous les sens.

Entre le jeu de guitare déchaîné et le chant rugueux, les lignes de basses et la batterie portent le tout avec ferveur.  Et bien, je me suis régalée, et à voir les visages extatiques dans la salle, je ne suis pas la seule !

Et dire qu’on n’est même pas encore à la moité de la journée, et la boîte à fusibles neuronaux est déjà cramée.  Accrochez-vous, ça continue !  C’est maintenant à Destrukt, venus du Grand Est, de prendre la scène d’assaut.

Si j’ai bien compris, le groupe évoluait dans un style Speed/Thrash à leur début, avant de bifurquer progressivement vers du Heavy en même temps que le line-up évoluait, notamment avec l’intégration de la chanteuse qui officie au sein du groupe depuis 2022.  Et la setlist est en effet très Heavy old-school.

C’est normalement un genre qui prend bien en live mais là, je n’arrive pas à rentrer dans le bain de sang.  J’ai la sensation que le son manque d’ampleur et de puissance pour qu’on puisse bien s’imprégner de la performance.

En fait, je n’arrive à accrocher à aucune ligne rythmique, peut-être un problème au niveau des balances ?  Bon, avec le nez collé à la scène, ce n’est pas toujours la meilleure option pour avoir le meilleur son, mais ça ne m’avait pas posé de problème jusque là, donc je ne sais pas, peut-être que je ne suis juste pas inspirée.

Cette fois, on va s’envoler un peu vers des cieux plus ensoleillés, au sens propre puisque c’est du Botswana que débarque Skinflint.

Et oui, le Métal n’a pas (ou plus) de frontières, et c’est tant mieux ! J’ai découvert certains groupes de pays jusqu’alors peu présents sur la scène, comme le Togo ou la Mongolie, avec des compos qui ajoutent des influences traditionnelles aux distos.  Mais ici, point de tout ça.  Le trio nous propose un Heavy classique, qui penche allègrement vers les grands noms du style comme Iron Maiden.

La rythmique est simple et efficace, les riffs sont accrocheurs, mais sans excès de rapidité.  On reste plutôt sur du mid-tempo, avec des breaks savamment distillés et des variations d’ambiance qui évitent de tomber dans le redondant.  La voix éraillée du chanteur n’est pas pour me déplaire et rajoute un peu de froideur aux rondeurs des compositions.

Les lignes de basse appuient intelligemment les compos et le tout est cohérent.  C’était un beau pari de nous faire découvrir ces groupes trop peu connus sur le vieux continent, et l’orga de l’Anthems l’a réussi !

Il est 20h45 et ça commence dangereusement à sentir la fin du voyage mais pas de quoi nous démonter car l’atterrissage promet encore quelques émotions fortes.  La destination de l’avant-dernier acte est Lille, d’où vient Skelethal et son Death putride.

Ils étaient déjà une de mes meilleures découvertes du Muscadeath 2023, et cette seconde confrontation s’avère tout aussi positive.  Bien sûr, il y a les blasts, la rythmique épaisse et percutante, et un chant furieux, mais les compos sont aussi techniques, jouant avec les harmoniques, les sonorités de guitare tranchantes et précises, une basse sourde, des soli décochés avec perspicacité.

L’alternance entre ambiances oppressantes, grooves gras et passages plus épiques, crée une diversité dans le set qui fait mouche auprès des headbangers qui ne comptent pas rendre les armes aussi facilement !  Hormis l’aspect purement musical, leur performance live m’a semblé plus aboutie cette fois, la puissance de frappe s’est littéralement emparé de la salle dans une fureur galvanisante. J’ai vu une sacré différence depuis l’année dernière, et dans le très bon sens du terme.

Un aspect appréciable, car pour faire beaucoup de concerts de Death brutal, ce style ne passe pas forcément l’étape du live avec brio.  Le combo a donc, semble-t-il, pris le bouc par les cornes pour nous offrir une expérience malsaine des plus séduisantes.

C’est maintenant l’heure de la tête d’affiche, heure qui nous prend un peu au dépourvu puisque les 1h15 de changement de plateau prévus initialement ne se sont finalement avérés pas nécessaires et que le show démarre finalement à 22h30 au lieu de 23h. Et c’est parti pour 1h30 de show mortel !  Et comme on pouvait s’y attendre avec un groupe qui a plus de 40 ans de bouteille de Jack derrière lui, c’est détonant !  Je sais, je fais durer le suspens, allez, si je vous dit  « Thrash »,  et « Big Teutonic Four », ça fait une chance sur 4.  Et c’est Schmier et sa bande qui gagne haut la main !

Destruction n’a rien perdu de sa hargne malgré les décennies et les changements de line-up.  L’arrivée entre 2018 et 2021 d’une nouveau batteur et des 2 nouveaux guitaristes a d’ailleurs rajouté une dose d’énergie non négligeable au niveau des lives du combo.

Pas besoin de présenter leur musique, c’est du vrai bon Thrash old-school ravageur comme les Allemands savent si bien les composer. Ils nous ont concocté une setlist version best-off, quoi demander de plus !   Les « Mad Butcher », « The Butcher Strikes Back », « Tormentor », « Thrash ‘Til Death »,… s’enchaînent dans une frénésie meurtrière, broyant les dernières nuques encore en état de marche à cette heure.

Une vraie boucherie en bonne et due forme, de quoi terminer en apothéose un festival qui aura ravivé nos âmes de Métalleux parfois engourdies par le quotidien.

Le mot de la fin

Le Anthems of Steel, c’est un de ces festivals qui nous rappellent l’esprit Métal des passionnés de la première heure.  De ceux qui veulent juste s’éclater en musique, discuter de leurs albums préférés, de pourquoi le Black élitiste est surfait, ou de la reformation du groupe phare de leur jeunesse,  autour d’une bière.  Pas de Télétubies, bouée-dinosaure ou autre déguisement saugrenu cherchant frénétiquement à se faire immortaliser sur les RS.  Le Métal et rien que le Métal !  Old-school, underground, bien sûr, mais l’orga va aussi chercher dans les grands noms qui ont forgé l’histoire, preuve en est avec la tête d’affiche de cette année.  Un évènement créé par des vrais passionnés qui savent de quoi ils parlent  et ça se sent.  Implanté dans un cadre magnifique, avec une infrastructure bien adaptée à la taille du fest, et surtout avec une organisation au petits oignons et des groupes investis, le Anthems fait vraiment partie de mes incontournables de l’Hexagone (je dirais même de mon top 3 !), que j’attends chaque année avec impatience.  Encore bravo à toute l’équipe, et au cœur que vous avez mis à nous concocter à nouveau une superbe édition !

Un dernier petit message : l’orga arrive à chaque fois à monter ce fest avec efficacité malgré un manque d’effectifs.  Pour l’année prochaine, je lance déjà une bouteille à la mer.  Si vous avez envie de vous investir pleinement dans un évènement de la scène Métal qui en vaut la peine, contactez-les pour devenir bénévole !