FESTIVAL 666 2024 le Report Day 1

Report par Sabrina M. Lozen – Photography / extrait vidéo kermhit

Août est déjà entamé, et pendant que certains vivent leur meilleure vie coincés dans des embouteillages sur les autoroutes de France, certains ont l’idée farfelue d’aller se faire torturer les tympans dans une fournaise infernale en Charente-Maritime.  Et comme je suis joueuse, je choisis cette année encore l’option la plus tordue…ou la moins, selon le point le vue.  Direction Cercoux, un patelin entre Bordeaux et Angoulême, pour la 5ème édition du Festival 666.  Un évènement organisé par une équipe de « jeunes de moins de 25 ans », ce qui ne les empêche pas de voir les choses en grand avec un fest sur 3 jours et des groupes tels que Testament, Jinjer ou Cradle of Filth dans la programmation.  Que les Français ne me lancent pas tout de suite des bananes trop mûres dans la tronche, les représentants de l’Hexagone ne sont pas en reste, avec Lofofora, Benighted, ou LocoMuerte pour n’en citer que quelques-uns.  Quant aux autres, allons les découvrir ensemble.  N’oubliez pas la crème solaire 50+ et les crucifix, parce que ça risque de cogner un peu.

Jour 1 – 09/08/2024

Difficile de se perdre dans Cercoux, ce qui est appréciable quand on a un sens de l’orientation proche du zéro absolu comme moi.  Le parking est vite trouvé, et le camping y est accolé, ce qui permet une installation de tente rapide et efficace, malgré une chaleur qui commence déjà à transformer les neurones en lardons grillés.  Heureusement, ma voisine de camping m’offre une petite bière encore fraîche pour me désaltérer avant d’aller affronter les hordes possédées.

A 14h, ça ne se bouscule pas encore aux portillons, et après les vérifications d’usage à l’entrée (non, ce n’est pas un bazooka, juste un téléobjectif), je me retrouve sur un site tout en circonvolutions, à déambuler entre le merch, les bars, un coiffeur, les foodtrucks offrant une large gamme de restauration allant du traditionnel burger aux mets asiatiques en passant par les glaces à l’italienne, et le désormais fameux Call of Coffee qui propose une liste invraisemblable de cafés et thés tous plus exotiques les uns que les autres.  Mon GPS interne se met en code erreur 666 comme d’habitude, mais à force de persévérance, je finis par tomber nez à nez avec les 2 scènes et le VIP. Quelque étirements et montage de matériel photos plus tard, je suis prête à rentrer dans l’arène.

Et c’est le jeune groupe No Matter What, originaire de Bordeaux et fondé en 2022, qui ouvre la marche.

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Avec leur Metal/Hardcore puissant, ils viennent nous montrer que la relève des piliers du genre comme Hatebreed est assurée. Le rythme pachydermique est parsemé de riffs plus rapides, les guitares sont aiguisées pour en découdre avec efficacité.

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Entre les traditionnels breakdowns écrasants, des passages très connotés Thrash s’emballent, me faisant penser à du Slayer par moment, ce qui n’est pas pour me déplaire !  Le chant hurlé assez aigu ferait presque accourir l’équipe des ambulanciers pour vérifier que personne ne s’est pris une enceinte sur le pieds.

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Ce combo de musiciens très jeunes présente un réel potentiel à suivre de près.  Tout cela laisse présager de belles surprises pour la suite !

Voilà une bien étrange formation qui s’installe ensuite.  Avec un nom improbable comme Lecks Inc., on peut s’attendre à tout, et c’est effectivement surprenant !

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Une imagerie inclassable entre steampunk, Black, et SF, un chanteur masqué, deux percussionnistes allumés, et une bassiste qu’on n’oserait pas regarder dans les yeux de peur d’être transformé en statue de pierre, on navigue clairement en eaux troubles.

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Mais pas de panique, leur Métal industriel expérimental met tout le monde d’accord, ça claque bien comme il faut ! A la base projet studio créé en 2009 en PACA, le line up évolue à chacun de leur albums, et mélange allègrement les influences, pour donner une combinaison détonante de Nu, Heavy, Indus, Punk, etc (il y en a trop, j’arrête l’énumération !).

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Entre ambiances oniriques et horrifiques, des sons syncopés ou froids, et des compositions élaborées et soignées, il n’y a rien à jeter pour moi, c’est un 5 étoiles, et ce sera une de mes meilleures découvertes du week-end !

On reste dans les genres indéfinissables pour la suite, avec Rue de la Forge, originaire de Vendée.

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Quand 5 forgerons gaulois s’emparent de guitares, fûts, basse et violon, ça donne un mélange détonant où même l’acier le plus pur se transforme en brasier infernal.  Pour ne pas rester inculte, je me suis intéressée à ce qui est dit sur leur site internet concernant leur style musical : « Fusion Celtique, mélangeant Rap, Métal, Musique Celtique, Punk Hardcore et orchestrations symphoniques ».

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Je pense que c’est clair, voici un groupe qui a créé son propre style et qui ne s’embarrasse pas des préjugés.  Et leur recette est diablement bien ficelée.  Arborant des thèmes historiques ou liés à l’Heroic fantasy, la musique s’envole en hurlements sauvages, martèlements puissants et riffs qui sentent bon le Métal (j’avais dit que j’arrêtais les traits d’esprit douteux pourtant…).

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Quelques sonorités celtiques sont portées par un violon enjoué, pour parfaire un show déjanté qui marque au fer rouge (argh…) les non-initiés que nous sommes.  J’enchaîne les bonnes surprises !

Après tout ça, un petit retour aux fondamentaux ne ferait pas de mal, histoire de retrouver quelques repères fiables.  C’est là que Parallyx, venu de Paris, vient à notre rescousse.

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Enfin, tout est relatif, car leur Metalcore n’est finalement pas si innocent que ça. Au milieu des rythmes énergiques et hurlements rageurs de la chanteuse, il y a bien quelques sonorités électroniques et quelques grooves qui se perdent, donnant une couleur personnelle aux compositions.

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J’y ai même retrouvé quelques influences de l’école de Göteborg, et je vous assure que je n’avais rien fumé de douteux ! Avec les alternances de tempos, les passages en chant clair sur certains morceaux, la variété est au rendez-vous et nous emmène dans un voyage sonore encore une fois dépaysant.

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La sortie de leur album « The Cult » est prévue pour le 4 octobre et méritera sans aucun doute une écoute attentive.

C’est au tour de Poésie Zéro de prendre d’assaut la scène.

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Le raffinement en profite pour aller se bourrer la gueule au bar le plus proche, histoire qu’on puisse s’imprégner du set des Parisiens sans trop d’accros.  Oui, c’est du Punk Rock, oui c’est parodique, oui, ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère, invectivant le festival et le public « de meeeeerde ».

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Bon, on comprend vite qu’il faut aller chercher le 2ème degré et l’autodérision au risque de s’offusquer et d’aller râler au bar avec le raffinement.  Et le nom du groupe rappelle que les paroles vont également rester au ras des pâquerettes, pas la peine de chercher plus haut.

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Bref, le show amuse globalement, la musique est catchy, le tir de confettis fait son effet, et la majorité du public s’éclate avec leur musique entraînante à défaut d’être élaborée.  Le but est atteint.

L’esprit punk ne s’en va pas tout de suite après cette performance de haute-voltige intellectuelle puisque c’est la bande à Reuno qui déboule ensuite.  Mais ne vous méprenez pas, Lofofora et ses plus de 30 années d’existence pratique une musique plus personnelle, allant du Punk hardcore au Hi-hop, tout en restant résolument rock.

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Je les avais découvert lors de la sortie de « Dur comme fer » en 1999 et vu en live à la même époque, et c’est un plaisir de les retrouver avec toujours la même énergie sur scène, même si je me suis éloignée du genre depuis pas mal de temps.

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Une musique efficace, qui va droit au but, sans ménager quelques lignes mélodiques qui apaisent les esprits.  Parce que, même si le combo reste engagé dans de nombreuses causes, en live, c’est le contact avec les fans qui les portent.  Les riffs énervés répondent aux hurlements profonds de Reuno, dans un esprit très métal, tandis que d’autres morceaux viennent titiller nos oreilles avec une certaine délicatesse.

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Ces pionniers de la scène française ne sont pas prêts de nous laisser nous endormir face à la folie de ce monde !

Allez, on garde l’esprit hardcore et on passe de l’autre côté de l’Atlantique, pour rejoindre Terror.

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Bon, là, je vais faire la rabat-joie, mais ça me fait encore le même effet qu’avec leurs compatriotes d’Hatebreed.

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Je conçois que ça rentre dedans, avec des riffs lourds, une batterie qui écrase les pâquerettes de Poésie Zéro, et des compositions bestiales.  On a bien un déferlement sonore qui oblige à se fracasser les cervicales et les mâchoires dans le mosh pit, mais je n’arrive décidément pas à être inspirée par ce style.

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Ce n’est pas grave, j’en profite pour me concentrer sur le bassiste chevelu dont l’énergie et les pitreries sur scène raniment efficacement mon âme de photographe.

Pour l’avant dernier groupe de la journée, on change de registre.  La programmation annonce du « Brutal Pop »…Mais WTF diraient les jeunes.  Je ne cède pas au scepticisme facile, et je vais donc assouvir ma curiosité d’un pas gaillard.  Sun, c’est avant tout un One Woman Band mené par une certaine Karoline Rose, flanquée d’un bassiste et d’un batteur en live.

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Et il faut dire que ça déchire ! Aussi bien à la guitare qu’au chant, la demoiselle, qui arrive sur scène en robe de mariée rose et blanche version Disney, nous en met plein les mirettes et les tympans.

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Une fois le voile retiré, la musique se délie du Pop/Rock au Métal progressif, alternant les refrains entêtants avec les changements de tempos bien étudiés.  Quelques accélérations de guitare pour pousser l’adrénaline à son paroxysme transforment le pit en champ de nuques brisées.

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Le plus marquant est sans doute la chanteuse qui passe allègrement de la voix claire montant dans les aigus au guttural qui sonne quasiment death.  Cette journée aura décidément fournit son lot de découvertes incongrues !

Pour le final, par contre, pas de surprise de mon côté, quand le « Clan de la Forêt », ou Korpiklaani en Finnois, commence sa prestation.  La Finlande, c’est mon pays de cœur, et je connais la majorité des formations issues de là-bas.

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Nos compères enjoués assènent leur Folk metal depuis plus de 30 ans déjà, et les nombreux classiques de leur répertoire font toujours mouche auprès du public.  Qui n’a jamais scandé « Beer beer » ou headbanger sur « Vodka » en live ?

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Bon, hormis ces considérations éthyliques, ils abordent aussi les thèmes chers au Folk comme la nature et les légendes païennes, je vous rassure.

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Toujours agrémentées du violon et de l’accordéon de Tuomas et de Sami qui font leur marque de fabrique depuis pas mal de temps, leurs compositions sont énergiques et guillerettes dans l’ensemble, très loin donc du côté introspectif de certains groupes comme Wardruna.  De quoi rester à bloc jusqu’à la dernière note de cette première journée intensive.

Vu que l’humeur n’est pas à la méditation, on en profite pour boire une dernière bière avec les potes sur le parking, histoire de se refroidir un peu avant d’affronter la fournaise de demain.  Quant à la playlist qui devait me servir de berceuse, elle a été supplantée par les hurlements, discussions éthylico-politiques et autres borborygmes inaudibles du camping.  La nuit va être courte….

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