Report par Sabrina M. Lozen – Photography
Ce samedi 2 septembre, le Leymfest organisé par AMM revenait pour sa 8ème édition, après les années difficiles dues à la crise sanitaire. Et ils y ont mis toute leur énergie ! C’était une première pour moi de couvrir ce fest convivial à Leyment dans l’Ain, et ce fut du pur bonheur. Une orga efficace, avec une équipe pro pour gérer tout de A à Z, des bénévoles disponibles, et des festivaliers engagés ont permis de faire de l’évènement un moment inoubliable.
Ce sont 6 groupes qui se sont succédé sur la scène installée sur le site de l’ancien Casernement de Leyment. Celui-ci a senti ses vieilles bâtisses trembler au son de Whisky Of Blood (Grenoble), Last Addiction (Lyon/Isère), Lodz (Lyon), Eight Sins (Grenoble), Destinity (Lyon), et Deathless Legacy (Italie). La programmation prévoyait ainsi une variété de styles capable de contenter tout le monde.
L’ambiance conviviale des festivals à taille humaine, où tout le monde est heureux de supporter les groupes et de participer à chaque instant me rappelle que ce genre d’initiative mérite notre soutien à tous pour faire perdurer l’esprit du métal. Mais cessons de tergiverser pour nous plonger dans le feu de l’action avec les festivaliers.
Ils sont déjantés, ils sont possédés, et ils portent haut et fort l’esprit increvable du hard rock, j’ai nommé les Whisky of Blood, qui nous font démarrer cette 8ème édition sur les chapeaux de roue, avec des riffs nerveux et efficaces, des musiciens extatiques…et une distribution de boissons (pour ceux qui hésitent sur sa nature, rapportez-vous au nom) pour s’hydrater correctement sous un cagnard qui ne faiblit pas en cette fin d’après-midi.
C’est l’ambiance « Sex, Drugs & Rock’n’roll » des années 80s qui a ressuscité dans cette prestation explosive et percutante, un vrai hommage au Rock et Heavy métal dont les plus anciens se souviennent parfois avec nostalgie, presque la larme au coin de l’œil.
L’ambiance est posée, le public est de bonne humeur, pari gagné pour la première performance de cette journée !
Après le hard rock, place…au style inclassable de Last Addiction.
Heavy, Metalcore, post-Rock ? Disons post-Métal avec des inspirations éclectiques, ce qui rend leur set très varié, personnel et riche en surprises musicales. Ça change des grands classiques assez codifiés du genre, et c’est tant mieux !
Avec un soleil rasant qui commence à donner une autre dimension à la scène, l’atmosphère noire de leur composition transpire à chaque hurlement, à chaque note égrainée comme une trompette de l’apocalypse pour nous rappeler le chaos et la misère qui nous entoure, et qui se transcende grâce à leur musique puissante.
A un niveau plus personnel de photographe, je les avais déjà shooté au Plane’R mais j’ai vu une sacré différence cette fois. Je ne sais pas si c’est le soleil, l’ambiance particulièrement extra de la journée, ou simplement mon état d’esprit, mais les gars m’avaient l’air de s’éclater sur scène, ce qui m’a clairement plus transporté dans leur performance et leur musique. De quoi profiter un max !
On continue notre voyage par une plongée dans les tréfonds de l’univers mélancolique de Lòdz.
Si l’inspiration du métal atmosphérique est prégnante, elle se teinte ici d’une touche résolument moderne. Face au désenchantement auquel le monde doit faire face, quoi de mieux que de se laisser transporter par la vision du groupe qui instille la noirceur avec subtilité.
Mélancolique, leur musique oscille entre lourdeur assumée et montées plus sombres qu’aériennes qui me rappellent un peu Katatonia. Bref, une petite pause introspective bienvenue pendant que le soleil continue sa descente sur Leyment, en miroir au message de ce groupe de la région lyonnaise.
Ça y est, la nuit est tombée comme une douce chape de rêverie plombée sur l’Ain. Mais ici, au lieu d’aller boire une tasse de thé avant d’aller dormir d’un sommeil pur et innocent, on accueille Eight Sins dans une grande débandade joyeuse et furieuse à la fois. Oui, c’est possible !
Et les Grenoblois nous ont retourné le pit, histoire de nous prouver que leur réputation en live n’est pas surfaite. La régie, qui se trouvait stratégiquement au milieu, s’en souvient encore !
On a l’énergie du Thrash combinée à la puissance du Hardcore, avec un esprit de fraternité qui galvanise. Le tout encouragé par les chaussettes jaunes magiques du chanteur qui piquent les yeux et font vriller les neurones.
Un savant mélange pour engranger des circle pits enflammés et faire suer le public qui savoure la puissance et l’énergie du groupe avec un air béat. On en redemande !
La magie ce cette journée, c’est aussi la variété des genres. Après Eight Sins et les chaussettes jaunes (tiens, chouette nom de groupe, ça !), place au mélo Death de Destinity…et ses musiciens dans une pénombre aussi suffocante que leur compos.
C’est l’ambiance parfaite pour savourer cette musique qui nous entraîne vers les sombres taïgas du Nord balayées par les vents glaciaux d’outre-tombe.
Entre riffs froids entrecoupés de mélodies grinçantes ou aériennes que le chant massif ancre dans la terre par le cœur, je mets de côté ma frustration de photographe pour m’immiscer discrètement dans l’univers du quintette originaire de Lyon. Formé en 1996, avec une pause de 6 ans à partir de 2013, le groupe nous a proposé un show carré, et une musique envoûtante, mélodique et brutale à la fois, tout ce que j’aime !
La journée touche à sa fin. Tout le monde est enchanté, ravi, fatigué aussi. On attend la tête d’affiche avec impatience, histoire de finir les festivités en beauté….et là, les Italiens de Deathless Legacy débarquent sur la scène ! Je réalise que j’aurais dû dire apothéose au lieu de beauté, c’est déjà un chouia plus proche de la réalité.
Et je comprends mieux ce qui se cache derrière le qualificatif de « Horror metal » qui leur est attribué. Avec une scénographie dantesque, malsaine, et fantasmagorique, on nage dans un chaos énergique mais, contrairement à ce qu’on pourrait croire, parfaitement maîtrisé.
Les grimaces de la chanteuse Steva accompagnés des regards en coin d’Alex, le claviériste fumeur, font écho à la présence de Revyla, leur performeuse qui danse autant qu’elle fascine. Heureusement qu’il y a un guitariste et un bassiste pour nous ramener à la raison quand même. La comparaison avec Ghost serait de prime abord facile, mais les compos sont, à mon sens, plus symphoniques, avec des touches de Black et de Gothique appropriées. La formule fonctionne et on ne peut qu’être happé dans cet univers avec les démons, les prêtres, et autres danseuses des ténèbres qui ont envahi la scène.
Et on finit avec un petit tour dans le pit photo !
Le mot de la fin
Au risque de me répéter, je félicite l’orga du Leymfest qui a permis cette journée remplie de bonne musique et de bonne humeur, avec un professionnalisme qui n’a pas à rougir des plus gros, allié à une ambiance festive et conviviale. Ce fest vaut vraiment le détour, pour toute personne qui souhaite soutenir les évènements organisés avec l’idée de faire perdurer l’esprit du métal et l’amour de la musique en France.
Je vais aller mettre une petite annonce à la recherche de mes tympans qui ont dû se perdre quelque part au Nord-Est de Lyon. A ceux qui n’ont pas eu l’occasion de venir cette année, je vous donne rendez-vous l’année prochaine, pour une nouvelle édition délirante et grandiose !