MENNECY METAL FEST 2024 le Report Day 1

Report par Sabrina M. Lozen – Photography / extrait vidéo kermhit

Début septembre, la période des festivals arrive tout doucement à son terme, laissant planer l’ombre du syndrome de déprime post-fest.  Mais ce n’est pas encore l’heure de troquer les pintes de bière contre la tisane à la verveine, heureusement.  Pour ma part, je reprends la route vers le Nord, en région Île-de-France plus précisément.  Mon aversion profonde pour le trafic intempestif ne me fait pas renoncer à ce rendez-vous incontournable de la scène extrême qui se tient depuis 2012 à Mennecy dans le Département de l’Essonne.

L’affiche promet une belle variété de styles du 6 au 8 septembre, sur 2 scènes – la Menn Stage et la Eye Stage – dans le cadre du Parc de  Villeroy, entre l’Espace Culturel Jean-Jacques Robert et le  Conservatoire. Comme quoi, il n’est pas nécessaire de ne faire vibrer que les bleds au fin fond de la campagne avec de la bonne musique un tantinet vociférante.  Bien sûr, il faut abandonner l’idée du camping à l’arrache dans le pré du Père Gustave, et se rabattre sur un logement moins Rock&Roll aux alentours.  C’est parti pour aller se frotter aux 32 groupes prévus ce week-end !

Jour 1 – 06/09/2024

La bonne nouvelle pour ce premier jour, c’est l’absence de bouchons sur les 12 minutes de trajet qui sépare mon hôtel du lieu des festivités.  Ne riez pas, on est en Île-de-France, tout est possible.  La moins bonne surprise par contre, c’est l’absence totale d’indications vers le festival.  Alors oui, bien sûr, l’évènement se tient dans un lieu bien balisé, à savoir un parc, mais comme souvent, ceux-ci ont plusieurs entrées.  Et lorsqu’il n’y a même pas un panneau du festival à l’entrée qui mène sur le site proprement dit, ça peut laisser dubitatif sur la marche à suivre (enfin, la voie plutôt).  Bref, après avoir réalisé qu’il n’y avait plus de place sur le parking du parc, me revoilà repartie pour un tour pour trouver une place dans les rues adjacentes.

Le site est agréable, plutôt petit, avec deux allées menant à la scène principale, bordées par les stands de merch et des artistes.  Il y a même un masseur, qui a eu son petit succès !  Côté boisson, c’est 3 types de bières de la Brasserie Bouledogue (Blonde, Coco Pale Ale, IPA) en plus des softs.  Mais uniquement servies en pinte à 7 €.  Pour ceux qui, comme moi, consomment essentiellement en demi-pinte, c’est une déception.  Pour la restauration, il y a le stand du fest à l’entrée (frites et sandwiches classiques avec chipo ou merguez, et crêpes pour la pause sucrée).  Pour ceux qui souhaitent un peu plus raffiné, il y a les foodtrucks à la sortie du site, avec notamment le Grilled cheese à la Française, et sa sauce cheddar qui a fait mon bonheur pendant ces 3 jours !  Enfin, le petit plus, et pas des moindres, le bâtiment des artistes dont le rez-de-chaussée est accessible aux festivaliers, avec de vraies toilettes, et des prises pour recharger les batteries.  Le luxe ultime quoi !

Il est temps de passer aux choses sérieuses car il est 17h, avec le groupe qui nous prépare au raz de marée de ces 3 journées. Witchorious peut être qualifié de « local » puisqu’ils nous viennent de Seine-et-Marne.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Witchorious 3

Pour ce qui est est de nous mettre dans l’ambiance, le trio composé d’un chanteur guitariste, d’une chanteuse bassiste et du batteur n’a pas l’intention de nous conter fleurette.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Avec leur Doom écrasant mené par une batterie plombée, ils nous transportent d’emblée dans une ambiance angoissante, avec des compositions hypnotiques et pesantes.

Witchorious 9

Le duo au chant passe du hurlement doublé de chuchotements carrément flippants au chant clair qui se dédouble pour amener encore plus de chaos à l’ensemble.

Witchorious 5

Entre teintes black et stoner, c’en serait presque suicidaire si on ne retrouvait pas dans ces riffs oppressants, ces soli pénétrants, et le son rond de la basse, un petit quelques chose de messe occulte nous replongeant dans une certaine période Black Sabbath qui nous donne l’envie d’aller jusqu’au bout avec délectation.

On ne va pas tout de suite sortir des ténèbres puisque ce sont les Parisiens de Sanctuary qui enchaînent ensuite avec la même détermination maléfique.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Sur une base de Black introspectif, le combo n’est reste pas aux rythmiques lourdes et aux breaks lents, et y enchevêtre un clavier bien présent, des dissonances, et des guitares rondes avec des envolées profondes et sinistres à la fois.

Sanctuary 8

Sanctuary 3

Mélodies et riffs clairs permettent donc d’aérer, autant que faire se peut, une musique sombre et  pénétrante, et montrer la variété d’influences du groupe, entre Métal symphonique, Black, voire Thrash et Heavy par moment.

Sanctuary 2

Sanctuary 5

Ça ne va certes pas nous amener à offrir des couronnes de fleurs à notre voisin de pit dans l’immédiat, on a d’abord quelques odes funestes à finaliser.

Cette fois, direction l’Auvergne, ses Puys, ses Charolais, et ses villes thermales, avec Red Gordon.

Red Gordon 4

Mennecy_Metal_Fest-2024

Les Clermontois étant très actifs sur la scène régionale, c’est loin d’être la première fois que je les vois en live, et ils mettent encore une fois tout le monde au diapason avec leur groove particulier.  Ça sent le Metalcore bien frais, accompagné de quelques zakouskis néo-métal et même un hors d’œuvre très subtilement death.

Red Gordon 10

La métaphore culinaire est peut-être peu à propos pour décrire un set diablement énergique, avec un chant énervé au possible, des breaks et une batterie fracassante.  Le chanteur à moitié masqué, comme toujours, passe du hurlement au chant clair, tout en jumpant ou se recroquevillant pour nous inciter à nous bouger le cul.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Ben oui, on n’est pas là pour débattre de la portée du symbolisme dans la littérature contemporaine, bordel !  Ils en ont également profité pour nous interpréter un nouveau titre qui est sorti le mercredi suivant, de quoi fournir un set efficace et un de leur meilleurs shows à ma connaissance.

A ce stade, il est presque 19h et le monde commence à arriver pour se réchauffer les oreilles et s’hydrater le gosier après une semaine de dur labeur.  Par contre, pour ce qui est de prendre un repos bien mérité, ce sera pour plus tard, car on a pas mal de cervicales à pulvériser jusque dimanche.

eOn, c’est quoi ça ?  Ha, pardon, Element of Noise, OK !

Mennecy_Metal_Fest-2024

Euh, d’accord, j’ai dit « pulvériser » mais là, les Toulonnais exagèrent peut-être un peu.  A ce rythme, il ne restera même plus un viking debout à la fin du set !  La batterie fracasse, et les 2 guitares cinglantes s’envolent sur une rythmique perfusée à la caféine grade premium.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Heureusement, il y a quelques breakdowns parsemés, histoire de reprendre en vitesse une petite gorgée de pinte avant de repartir en apnée.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Hardcore bien agressif dans son fondement, Thrash dans son énergie ravageuse, bref un set tout bonnement bestial qui présage une décadence  proche.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Le chanteur a d’ailleurs pris les devants, avec une voix claire qui passe par le growl avant de se transformer en vocifération criarde du plus bel effet.  A croire que le mec se fait épiler la barbe à la cire, ça nous ferait presque compatir…ou partir en slams, au choix.

Il est temps de se catapulter un peu hors Europe.  Si je vous dit un groupe américain dont les membres sont d’origine latino et jouant un Nu Metal avec quelques accents tribaux, vous me dites ?  Ill Niño bien sûr.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Oscillant dans la sphère Néo traditionnelle durant tout le set, on n’en apprécie pas moins les sonorités plus indus sur certains passages, quelques riffs aux relents thrash et heavy, sans oublier bien entendu les percussions, et les rythmes latinos qui font la particularité du groupe.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Quant au chant, il était assuré par Tommy Vext, ex-chanteur de Bad Wolves, qui remplace Marcos Leal durant leur tournée européenne.  Le sieur a parfaitement géré les vocalises entre hurlements frénétiques et chant clair tout en délicatesse malgré son gabarit de bodybuilder.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Enfin, le milieu du set a été dédié à un petit moment nostalgie avec une reprise de Zombie de The Cranberries, en hommage au père de Tommy récemment disparu.  Une séquence émotion très en phase avec l’esprit de la prestation, en mode « Plomb enveloppé de velours ».

Je ne serais pas contre ranimer un peu la flamme « musique extrême » qui piaffe en moi, et mon souhait a été entendu avec l’arrivée des Tchèques d’Hypnos et leur Death pur et dur.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Pas d’incursions symphoniques ou de mélodies alambiquées pour alléger un set qui s’inscrit sans concession dans du bon, du brutal et du truand….pardon, je m’emporte.

Hypnos

Bref, ça déglingue au son puissant de la rythmique mid-tempo parfois vraiment pesante, de la batterie vindicative, et des riffs meurtriers quoi que techniques.  C’est lourd et plus sombre que dans un caveau gothique.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Un sympathique retour dans les années 90s. On n’en attendait pas moins d’ex-membres de Krabathor.  Petite mention concernant le stock de ventilos qu’ils ont dû recevoir en promo, permettant au chanteur bassiste de reproduire une pub l’Oreal version Death de manière presque convaincante.

Enfin arrivent ceux que j’ai manqué à chacun de leurs lives ces dernières années, à savoir les Tambours du Bronx.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Tambours du Bronx 34

Comme le nom l’indique, nous voilà plongé dans un set porté par le martèlement, voire le démantèlement, de 10 bidons en métal, dans une belle orgie de poussière, d’éclats de métal et de vols aléatoires de bouts de mailloches éclatées sous les coups de butoir effrénés !

Tambours du Bronx 16

Un show enjoué où les chanteurs Stéphane Buriez (Loudblast) et Reuno Wangermez (Lofofora) se complètent pour apporter encore plus d’énergie à l’ensemble.  Le tout forme une joyeuse cacophonie dynamique de sonorités indus.

Tambours du Bronx 14

Mennecy_Metal_Fest-2024

Évidemment, l’attention se focalise sur les percussions, laissant moins la place aux guitares et à la batterie, dont le jeu est pourtant particulièrement qualitatif et inspiré.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Malgré cela, c’est clairement une formation taillée pour le live, enthousiasmant un public en délire qui n’essaie même plus de garder un minimum de sang-froid.

On aborde l’avant-dernier virage, en passant par la Belgique, avec mes compatriotes d’Ancient Rites.

Ancient Rites 14

Formé en 1988, le groupe officie dans la scène extrême sans se limiter à un genre.  Les compositions sont quand même très épiques dans leur essence, avec des arrangements symphoniques et consonances folk par moment.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mais mine de rien, l’atmosphère reste sombre et lourde, malgré un rythmique qui prend le mord aux dents par moments, un chant agressif, des mélodies aériennes, et quelques riffs d’influence heavy.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Les thèmes abordés par le quartette sont historiques, avec des combats épiques et hauts faits de l’Histoire.

Mennecy_Metal_Fest-2024

C’est cliché mais c’est diablement efficace !  Néanmoins, même si j’adore certains de leurs albums comme Dim Carcosa et Rubicon, je dois admettre que ça pêche un peu au niveau énergie en live.  Ou alors, c’est le contraste avec les tambours qui résonnent encore dans mes oreilles ?

Et pour finir, rien de tel que le Folk Metal festif des joyeux drilles de Korpiklaani qui sont descendus de la taïga finlandaise pour nous offrir quelques notes pagan-éthyliques.

Mennecy_Metal_Fest-2024

On démarre avec une intro au tambourin folklorique menée par le chanteur, avant que ne déferle la musique enjouée qui n’a pas vocation à réfréner l’esprit Heavy malgré la présence d’instruments moins conventionnels.

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Car, oui, pour moi, l’intérêt du groupe, c’est surtout le violon, qui rayonne dans les structures musicales avec une énergie débordante, et…l’accordéon de Sami Pertulla ! Pas très Métal, vous croyez ?

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Mennecy_Metal_Fest-2024

Et bien, si, pour des compositions qui sont axées sur les fêtes arrosées, les femmes et la nature, ça passe bien, et je dirais même que c’est un instrument parfaitement approprié dont on peut amplement apprécier les sonorités si spéciales lors de leurs concerts.

La première journée est déjà bouclée et on aurait voulu que ça dure encore !  Il ne nous reste qu’à attendre fébrilement demain, pour reprendre une nouvelle dose furieuse d’adrénaline.  Pour le trajet du retour, je ne serais pas contre un Doom folk avec percus qui sonnent Heavy…

Faîtes passer l'info!