Report par Sabrina M. Lozen – Photography / extrait vidéo kermhit
C’était annoncé depuis 2022, c’est chose faite. Pour sa 14ème édition, le Motocultor festival s’est déplacé de Saint-Nolff dans le Morbihan à Carhaix-Plouguer (Finistère) sur le site de Kerampuilh qui accueille également le Festival des Vieilles Charrues chaque année. On reste en Bretagne bien sûr, mais le pari de revoir l’organisation d’un festival de cette ampleur (110 groupes, 4 scènes) sur un autre site en moins d’un an était risqué. Il semble que le choix fut plutôt bénéfique, l’organisateur ayant annoncé un record de 54000 entrées pour les 4 jours par rapport à 44000 en 2022. L’affiche proposée y est certainement pour quelque chose. Évidemment, tout dépend des préférences de chacun, mais pour ma part, c’était clairement la meilleure programmation de cette année, donc trêve de bavardages, commençons notre tournée des scènes.
Jeudi 17/08
Le premier jour, il est 14h, le festival ouvre ses portes. Ça ne se bouscule pas encore trop au portillon, ce qui est plutôt appréciable vu le zèle de la sécu au niveau du check-point, aspect qui deviendra immanquablement problématique au pic d’affluence ! A ce stade, on peut profiter tranquillement du comité d’accueil constitué d’un Bagad et sa cornemuse qui nous agrémente de son répertoire traditionnel breton. Rien de tel pour nous rappeler où nous mettons les pieds !
Un premier aperçu du lieu pour commencer : ce « nouveau » site est bien agencé, et de prime abord plus agréable que l’ancien de Saint-Nolff. Avec une mention spéciale pour les talus arborés qui entourent presque la Dave Mustage, un confort supplémentaire pour ceux qui veulent faire une pause, une sieste ou se protéger du cagnard. Les 4 scènes sont plus proches les unes des autres que sur l’ancien site, ce qui faisait craindre un « télescopage » au niveau du son. A l’issue du fest, ces craintes se sont avérées non fondées, heureusement.
Pour démarrer les hostilités, j’ai choisi de m’immerger dans l’univers de Komodor.
Oui, ils sont bretons, mais cette fois, plus de musique traditionnelle mais un rock psychédélique très 60-70’s. Et ils ne font pas les choses à moitié, les costumes sont d’époque aussi !
Un étonnant retour dans le passé très efficace, reprenant tous les standards du genre, avec un esprit très Rock Revival. Entre un combo basse-batterie très groovy et un son de guitare qui semble sorti des sillons d’un vinyle oublié dans le fond d’un placard, les compositions sont même agrémentées de maracasse.
Un petit air de nostalgie pour les plus anciens, et un univers de découverte peut-être pour les plus jeunes. Pour ma part, c’est un démarrage en douceur, ça me va !
Bon, c’est bien beau tout ça, mais il ne faudrait pas oublier les bases, et rien de tel qu’un bon vieux thrash américain pour ça.
Direction la Supositor Stage où Warbringer nous inonde d’emblée d’une énergie dévastatrice, très made in USA.
Un son bien brutal, des soli maîtrisés avec des musiciens efficaces et enthousiastes, on n’en attendait pas moins d’un groupe qui nous promet de nous « amener la guerre » (mais pacifique quand même).
Pour les fans de Slayer et Sepultura, c’est le genre de performance qui met en ébullition pour la suite.
J’étais bien tentée par la Dave Mustage sous l’emprise des œstrogènes de Burning Witches,
mais le pit photo m’ayant été refusé, je suis allée voir une performeuse d’un autre genre, A.A Williams.
Là, on change carrément de registre, beaucoup plus introspectif. Avec sa voix envoûtante et des envolées lyriques posées, la chanteuse anglaise nous amène son post-rock goth avec subtilité.
Évidemment, le genre se prête peu aux interactions avec le public mais ça permet de se plonger avec délectation dans un univers empreint de douceur féminine. Sans être mon style de prédilection, les textures sonores classiques de certains morceaux ont su capter mon intérêt.
C’est à mon sens une artiste qui mérite qu’on s’y intéresse, qu’on soit adepte du genre ou non.
Je continue avec Ugly Kid Joe. Il n’est pas impossible que le Heavy-hard rock à la sauce américaine ayant été mainte fois abordé sous tous les angles, je finis par être blasée, mais je n’ai pas réussi à rentrer dans le set.
On reste, à mon sens, sur des standards réchauffés du genre, sans grandes surprises…à part le look « vacancier » du guitariste, du plus bel effet.
Je dirais juste que ça ne m’a pas transcendé, mais ça me fait une petite pause salutaire, vu ce qui m’attend ensuite.
Et là, on repart sur du lourd, avec le groupe de thrash Angelus Apatrida.
C’est indubitablement ma meilleure découverte de cette première journée ! OK, c’est du thrash à l’ancienne, mais rondement bien mené, tout comme leurs compatriotes de Crisix qui mettent le feu partout où ils passent.
Il n’y a pas à dire, ils sont forts, ces Espagnols ! Les riffs sont entraînants, les soli sont bien structurés avec des envolées grandioses, les compos sont carrées. Bref, ils sont les dignes représentants du Bay Area thrash. Personnellement, je ne m’en lasse pas quand l’énergie est là !
On m’avait vanté l’intérêt de Zeal & Ardor, je ne pouvais donc pas rater ça. Ce projet d’avant-garde métal suisse a effectivement tout pour plaire sur le papier.
Mélanger du black métal expérimental à des thèmes liés à l’esclavage ou les problématiques raciales en général, ça donne une texture particulière aux compos, c’est indéniable.
Mais est-ce la fatigue ou le contraste trop marqué avec la performance précédente qui m’ont laissé un peu dubitative, je ne saurais le dire. Malgré la qualité musicale qui n’est pas à contester, rien à faire, je reste à moitié hermétique au style.
Dans mon optique de découvrir des genres auxquels je me frotte rarement, je persévère avec Kadavar.
Le groupe allemand de hard-rock nous ramène de nouveau dans le passé, mais avec une touche moderne.
Un mélange de Black Sabbath et de stoner, la formation surprend positivement, avec des mélodies syncopées qui peuvent néanmoins donner un sentiment de redondance. Mais globalement, ça se déguste avec lenteur et lourdeur, sans indigestion.
Le genre à écouter tranquillement chez soi, dans un état d’esprit rétro que ceux de ma génération savent apprécier.
Enfin, pour finir ce premier marathon, j’opte pour un autre OVNI, au détriment de l’incontournable Hatebreed.
Me voilà donc avec Steve « N » Seagulls.
Effectivement, le pari de reprendre les grands classiques de Metallica à Iron Maiden à la sauce musique folk avec accordéon et contrebasse est intéressant et déstabilisant.
Néanmoins, pour une fan de disto et de grosse caisse comme moi, l’exercice reste hasardeux pour des compos dont toute la puissance repose là-dessus. J’ai un peu de mal à m’y retrouver avec cette formule. Serais-je devenue réac ?
Bref, cette journée fut un échauffement, les jours suivants me promettant ma dose tant attendue de Death, Black, Heavy, Trash, et autres combos plus folkloriques.
autre extrait video du festival