MUSCADEATH 2023 le Report Day 2

Report par Sabrina M. Lozen – Photography / extrait vidéo kermhit

REPORT DAY 1

Jour 2 – 30/09/2023

Le soleil brille toujours au-dessus de Vallet en ce deuxième jour de festivités, histoire de contrer un peu les sombres abysses qui nous attendent bientôt.

Il est 15h30 et c’est Atrocia qui monte sur scène pour un peu plus d’une demi-heure de performance.

Atrocia 6

 

Atrocia 9

Venu de Loire-Atlantique, le groupe nous fait démarrer sur les chapeaux de roue avec son Death brutal.  Pas de répit pour les cœurs sensibles, on est directement mis dans le bain : un tempo frénétique, un riffing puissant qui emprunte un peu au trash par moment, et des blasts destructeurs, on sent l’influence old school qui nous a fait vibrer dans notre jeunesse !

Atrocia 4

Atrocia 11

Des passages plus techniques et des cassures rythmiques viennent quand même agrémenter le groove version rouleau compresseur, ce qui permet de donner une dimension bien atroce (oui, elle est facile, je sais) à l’ensemble.  Bref, ceux qui ont eu le courage de se lever pour venir dès la première séance sont déjà galvanisés, ça commence fort !

On reste en France pour la suite, direction Bordeaux avec Iron Flesh.

Iron Flesh 15

Iron Flesh 18

Là encore, pas de répit, c’est à nouveau un Death bien énervé qui envahit la salle.  C’est gras, c’est malsain, ça fait headbanger sur les grooves lourds et sombres.  Des blasts aux riffs, tout est violent, mais si on fait bien attention, on repère quelques incursions plus mélodiques et des atmosphères plus froides qui apportent un peu de nuance à ce set dévastateur.

Iron Flesh 12

 

Iron Flesh 16

Quand on parle de Death finalement, on fait rarement l’impasse sur les influences nordiques qui ont imprégné toute la scène, quasiment depuis ses origines.  Bon, ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre, influencer ne signifie pas plagier, et l’identité générale des compositions du quartette est bien française.

Iron Flesh 6

Malgré son jeune âge (le groupe a sorti son premier EP en 2017), le groupe fait déjà preuve d’une personnalité qui lui permet de se démarquer.

Cette fois, on change de pays, et même de continent.  Avec un nom comme Escuela Grind, on s’attendait peut-être à un groupe de l’hémisphère sud, pourquoi pas des compatriotes de Sepultura ?  Et bien non, pas du tout, ils nous viennent directement de New York.

Escuela Gring 11

Et comme son nom l’indique quand même, ils proposent une musique dans le plus pur style Grindcore.  Il semble que les ricains soient vraiment toujours en avance sur tout le monde, même dans un domaine aussi marginal que la parité dans les groupes de Grind puisque le groupe est composé de 2 femmes et de 2 hommes.

Escuela Gring

Escuela Gring 36

Pas la peine non plus de s’imaginer les stéréotypes de genre.  Ici, pas de diva délicate et d’envolées lyriques, la chanteuse nous assène des hurlements à faire pâlir de jalousie le plus hargneux des vocalistes de Metalcore.  Malgré son gabarit délicat, il faut s’accrocher pour la suivre sur scène entre cris, sauts, et coups de pieds !

Escuela Gring 18

Escuela Gring 46

Quant à la guitariste, elle n’est pas en reste, et compte bien prouver qu’on peut être une femme et tout démonter !  A ce stade, la salle commence à sérieusement surchauffer, tout comme mon appareil photo qui s’est régalé avec ce show électrique.

Poursuivons avec Skelethal qui remplace Venefixion.  Ne connaissant ni l’un ni l’autre, je démarre le concert sans a priori.

Skelethal 3

Et là, c’est la seconde meilleure découverte pour moi, n’en déplaise aux énervés dans le public qui voudraient continuer à s’en mettre plein la tronche dans le pit avec du Grind hystérique.

Skelethal

Skelethal 19

Le Death des Lillois est carrément prenant et sombre, mais ce qui distingue les compositions, c’est ce feeling particulier dans les soli, proche de la mouvance scandinave.  La formule puise bien ses racines dans du Death pur et dur, avec ses riffs redoutables et ses blasts rageurs, mais avec ces passages aux sonorités presque hypnotiques créant une atmosphère d’outre-tombe  bien appropriée.

Skelethal 10

Sans révolutionner le genre, on sent la petite touche personnelle qui marque les esprits les plus assidus.

Comme nos énervés du pit en redemandent, on leur a concocté un nouveau temps fort Grindcore, et pas n’importe lequel puisque c’est Blockheads qui monte sur scène en ce début de soirée.

Blockheads

Et les Lorrains ont bien l’intention de prouver qu’ils méritent amplement leur titre de leader de la scène française. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils galvanisent le public dès les premières notes, sous l’égide de leur chanteur charismatique.

Blockheads 6

Blockheads 8

Assénant ses messages revendicateurs, le groupe déverse un son agressif et puissant, sans compromis.  Le pit est à feu et à sang, jusqu’à ce que le chanteur invite le public à décharger son énergie sur scène ! Moment mémorable ou la salle presque vide fait face à un mosh pit et des slams (oui oui, sur scène) au milieu des musiciens !

Blockheads 12

Blockheads 27

S’ils voulaient qu’on se souvienne de leur prestation, je pense pouvoir dire qu’ils ont réussi haut la main, au milieu d’un chaos hurlant dans une dimension parallèle.  Décidément, cette journée sent bon le bordel malsain !

A ce stade, on essaie de redescendre sur terre en attendant le Roi des Titans, ce qui devient compliqué d’ailleurs car la salle est maintenant comble et le sol est jonché de pieds qu’on écrase même en essayant d’être attentif.  Mais trêve de balivernes, voici Kronos qui débarque.

Kronos 2

Kronos 6

Puisant dans l’Histoire et la mythologie, leur Brutal Death semble tout droit sortie des mystérieuses forêts vosgiennes d’où le groupe est originaire.

Kronos 5

Kronos 4

Le ton est oppressant, amenant cette brutalité primitive propre aux récits mythiques.  La technique n’est pas en reste néanmoins, avec des rythmes alternants entre accélérations rageuses et lourdeur écrasante.  Il y a bien quelques mélodies mais l’ensemble reste quand même du pur Death brutal.

Après s’être fait laminés par ce set titanesque, place à un peu de légèreté, avec Gorod.

Gorod 16

 

Gorod 23

Enfin, toute proportion gardée évidemment, mais il faut bien avouer que les Bordelais savent y faire pour enjouer leur auditoire, c’est rafraîchissant, ces sourires et ces poses alambiquées.  Et oui, ces OVNI du Death français n’hésitent pas à déverser des grooves sensuels, des riffs syncopés, voire des mélodies lumineuses, au milieu d’une déferlante de sonorités résolument Brutal Death.  Et l’ensemble est parfaitement cohérent de surcroît.  C’en est presque déstabilisant pour ceux qui ne les connaissent pas!

Gorod 10

 

Gorod 29

Gorod ne s’impose aucune limite et c’est toujours du pur bonheur de les voir jouer avec aisance tout en distillant une bonne humeur communicative.  On ne s’en lasse pas.

Cette fois, on part vraiment dans le Nord avec le prochain groupe.  La Norvège est surtout connue pour un style de métal très obscur, et accessoirement pour ses églises en bois qui ont tendance à s’enflammer sans raison, mais le pays compte aussi de nombreuses formations de Death.  Blood Red Throne en fait partie.

Blood Red Throne 10

Blood Red Throne 5

Je ne sais pas si c’est la fatigue qui commence à embrouiller mon esprit, mais j’ai du mal à accrocher à la performance.  Pourtant, il y a tous les ingrédients d’intérêt, des riffs agressifs, une rythmique suffocante, une noirceur tout en brutalité.  Ça frôle peut-être justement trop la vision classique déjà maintes fois réinventée pour marquer les esprits.

Blood Red Throne 7

Blood Red Throne 19

Bon, à ce moment de la soirée, la majorité du public n’attend pas forcément des compositions alambiquées et des sonorités personnelles.  On veut juste headbanger et se clasher à coup de bières ou de poings, et ça fonctionne très bien ! On ne va pas chipoter non plus.

Et voilà, on arrive à la fin, attendant fébrilement l’arrivée de la tête d’affiche.  Plus la peine d’essayer de retrouver ses potes dans la salle bondée.  Je me suis mise en mode marathon à courir d’un côté à l’autre de la scène en faisant à chaque fois un grand détour par l’extérieur, me frayant tant bien que mal un chemin dans la foule compacte avec mes deux appareils.  C’est sportif !

Et Carcass débarque enfin sur scène.  Comme toujours, les Britanniques entament leur show avec un professionnalisme évident.

Carcass 20

Carcass 14

Les mecs sont tellement rodés que rien ne semble plus les perturber, même les festivaliers qui courent sur scène pour se jeter sans crier gare dans la foule sans se formaliser des réceptions approximatives.  Le style de Carcass n’est plus à décrire, flirtant aussi bien avec le Death qu’avec le Grind, le tout parfaitement maîtrisé et teinté de diverses influences mélodiques dans les compositions.

Carcass 12

Carcass 25

Ça sonne même heavy par moment, les blasts sont peu présents, et les structures sont portées essentiellement par des riffs qui terrassent tout en apportant de la profondeur.  Qu’on aime ou pas, ce sont des maîtres dans leur domaine, il n’y a pas une note superflue, pas de redondance, tout est orchestré avec efficacité.

Carcass 5

Carcass 3

Le genre de final qui sied parfaitement à ce festival dont la fougue ne faiblit pas malgré l’heure tardive.  Il ne reste plus au public qu’à sortir tranquillement sur la terrasse pour boire une dernière bière avant d’aller prendre un repos bien mérité, bercé par une mélopée de growlings, de blasts et de riffs cinglants.  On ouvrira la bouteille de Muscadeath demain.

Le mot de la fin

Globalement, l’expérience s’est avérée positive, avec un festival organisé sur un site agréable, où les points stratégiques (bars, toilettes, parking, etc) étaient facilement accessibles.  Les groupes ont tout donné, et leurs performances n’ont pas souffert de problèmes de son majeurs.  Le plus mémorable était sans doute l’ambiance, avec un public visiblement aux anges d’être là, participatif et violemment joyeux.

Je rajouterais deux aspects qui mériteraient d’être réévalués.  Premièrement, il n’y avait pas assez de stands de bouffe, au vu des files interminables qui se sont succédé durant les 2 jours.  N’arrivant pas à manger entre les concerts à cause de cet état de fait, j’ai bien tenté d’aller au stand en plein milieu d’un show mais sans plus de succès, vu que beaucoup avaient eu la même idée.  Il m’a fallu attendre minuit passé pour pouvoir manger donc.  Le système des 3 files (une pour la commande, une pour le paiement, une pour recevoir la commande) n’a, à mon sens, pas aidé à désengorger les stands, et revenir à une formule classique à une file serait plus optimal avec un peu d’organisation.

L’autre point concerne la sécurité.  Le fait de ne pas avoir de crash barrières ne pose pas trop de problème pour des petits évènements où le public est relativement calme.  Mais dans le cas d’un festival de cette ampleur (au vu de la taille de la salle, on devait atteindre les 1500 personnes) avec un public quand même bien énervé, ça devient quand même très dangereux.  Quand les gens courent sur scène, s’accrochent aux instruments des musiciens, pour ensuite sauter sans prévenir dans la foule, c’est limite suicidaire.  Et je ne parle pas des conditions pour les photographes/vidéastes qui en arrivent à passer plus de temps à protéger leur matériel qu’à capter les performances.  Sans crash barrières, à nouveau, les agents de la sécu peuvent difficilement faire leur job correctement.  J’encourage fortement l’orga à étudier la question.

 

 

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