Report par Sabrina M. Lozen – Photography
Déjà le mois d’octobre et les arbres qui se parent de couleurs chatoyantes. Et pourtant, les festivals continuent dans le milieu du Métal. Et l’incontournable de ce mois d’automne est un évènement relativement jeune puisque l’Omega Sound Fest organisait cette année sa 4ème édition les 20 et 21 octobre. C’est à Mûrs-Erigné, au Sud d’Angers que l’équipe de l’Omega Sound Prod a installé son festival, dans les murs du Centre Culturel Jean Carmet. Se définissant lui-même comme le « Festival Métal/punk angevin », il a donné l’occasion de découvrir plusieurs groupes de la région, mais aussi de (re)voir quelques groupes de plus grosse notoriété comme Septicflesh. Avec une organisation aux petits oignons dont je reparlerai à la fin, cette édition a été un franc succès, avec 1600 entrées pour profiter des 12 groupes qui ont enflammé la scène sans la moindre compassion pour nos oreilles et nos cervicales.
Le décor est posé, allons maintenant nous imprégner des délicates prestations musicales qui nous attendent.
Jour 1 – 20/10/2023
J’arrive comme d’habitude un peu à la bourre, ce qui me permet d’avoir ma première bonne surprise, pas besoin de tourner en rond pendant 10 minutes pour pouvoir me garer, le parking est facile d’accès et n’est pas encore bondé à l’ouverture des portes à 17h. Le site à l’extérieur n’est pas énorme mais suffisant pour accueillir les festivaliers comme il se doit, avec des food-trucks proposant de la nourriture variée, des traditionnels hamburgers aux plats végétariens. Il y a même le stand d’un ostréiculteur venu de Vendée, Rémi Lacroix, pour nous proposer un panel de coquillages savoureux.
Un bar nous accueille directement à l’entrée du Centre, avec une belle carte de bières dont une IPA de la brasserie Mélusine, et même une sélection de vins. On ne peut passer à côté de la bière spécialement brassée pour l’évènement, la ΩPA (OMEGA PALE ALE). Ça, c’est un service ! A côté du traditionnel Merch, je ne peux pas passer à côté des stands de barbier et de tatoueurs (on peut même se faire tatouer le visuel et le fameux Ω). J’avoue que c’est tentant (le tatouage, pas la barbe…), histoire de se démarquer du traditionnel “H” tellement récurrent qu’on finirait par trouver marginaux ceux qui ne l’ont pas. Bref, on a tout ce qu’il faut pour passer un bon moment. Reste à démarrer les hostilités musicales.
C’est parti, Redstone, finaliste du tremplin Angers Likes Metal organisé par CROM Association, ouvre le bal des damnés. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Rock/Stoner du combo angevin n’a pas l’intention de nous épargner avec ses compositions oppressantes et ses sonorités grinçantes soulignées par une batterie qui a dû couler du béton armé dans ses caisses.
Les rythmes sont lents et lourds, à la limite du redondant, comme on peut s’y attendre avec du Stoner. Les guitares sont bien équilibrées et apportent une dimension mélodique par touches qui allègent subtilement le set.
N’étant pas une grande fan du genre, je me laisse néanmoins porter par la prestation. Une écoute plus approfondie me semble judicieuse, je m’y mettrai une fois rentrée au bercail.
C’est Akiavel qui entre maintenant en scène. La notoriété de ce groupe de la région PACA ne cesse de croître et on les a vu littéralement partout en 2023, du Hellfest au Motocultor, en passant par de nombreux évènements Métal à travers l’Hexagone. Et à chaque fois, c’est du pur bonheur en live.
Pour ma part, c’était la 4ème fois cette année que j’avais le plaisir de les voir, et je ne m’attendais donc pas à être surprise outre mesure. Je me trompais lourdement ! Cette fois encore, il nous ont asséné un Death puissant qui ne s’enferme pas dans des carcans immuables, alliant des grooves frôlant le Hardcore ou le Thrash par moment, à des passages mélancoliques capables de nous enrôler de force dans l’armée des ombres akiavéliques.
Le chant guttural d’Auré, leur front-woman charismatique, est ensorcelant, et sublimé par des harmoniques transcendantes et une rythmique ravageuse. Vous l’aurez compris, il est impossible de ne pas tomber sous le charme de leur musique quand on aime la variété et les atmosphères lugubres et malsaines du Death. Et impossible de ne pas accrocher à leur présence scénique à couper le souffle.
La surprise vient aussi de leur scénographie qu’ils font évoluer au gré des envies. Cette fois, la chanteuse était moins la version féminine du Joker qu’une femme fatale torturée, laissant à Jay et Chris, respectivement bassiste et guitariste, le soin de remplir l’espace-temps de riffs décapants et de mélodies effrénés. Je suis à nouveau conquise et je me risquerais à leur prédire une reconnaissance exponentielle sur la scène française, mais aussi internationale.
On vient à peine de commencer et l’ambiance s’installe progressivement au fur et à mesure que la salle se rempli. Après un break salvateur pour les assoiffés, place à Misanthrope et son “Métal extrême”.
Avec 34 ans d’existence, c’est le genre de groupe a priori incontournable de la scène française. Donc, effectivement, quand je sors innocemment que je ne les connais pas, je me prends une volée de remontrances offusquées, j’entends presque les “Vade Retro Satanas” marmonnés sur un ton réprobateur. Ce n’est pourtant pas ma faute si le Métal français s’exporte peu, et n’arrive même pas jusqu’à mon plat pays natal. Qu’à cela ne tienne, je suis là pour combler mes lacunes.
D’emblée, ça joue fort, très fort ! Pas de places aux minauderies, on est happé par une puissance de feu sans concession. Les guitares sont cinglantes. C’est aussi délicat que Glen Benton dans ses mauvais jours. Mais la comparaison avec Deicide s’arrête là, les constructions musicales ont clairement une diversité peu présente chez nos satanistes américains. Alternance de tempos rapides et de passages lents, le tout agrémenté de soli efficaces, il est effectivement difficile de mieux qualifier leur style que par le terme “extrême”, mélangeant allègrement des influences Heavy, Death, Doom, etc.
Mon intérêt principal se rapporte néanmoins aux textes puisqu’il s’avère que le vocaliste et compositeur, sieur S.A.S de l’Argilière, est un grand amateur de poésie et de littérature. Un aspect qu’il me faudra donc creuser une fois au calme à la maison.
On poursuit dans un tout autre registre, avec Hangman’s Chair.
Nous voilà plongés dans un Stoner/Doom introspectif comme il se doit. Le tempo est lent, l’atmosphère est lourde avec un accent mis sur des sonorités lancinantes, presque syncopées.
La musique du combo originaire de l’Essonne est envoûtante et sombre, entraînant le public dans un rêve mélancolique et dissonant porté par une batterie profonde et majestueuse.
Pas vraiment le genre d’ambiance qui se prête aux pits enragés et slams infernaux, on se laisse plutôt emporter vers les ténèbres du subconscient pour rencontrer la noirceur qui s’y cache désespérément.
La soirée touche déjà à sa fin, ça passe beaucoup trop vite ¡ Mais la tête d’affiche nous promet de finir cette première journée en beauté. Difficile de rester insensible au Death symphonique géré de main de maître par les Grecs de Septicflesh.
Des compos inspirées et puissantes, un son équilibré porté par des sonorités de guitare nuancées comme je les aime, des blasts rapides mais non dépourvus de profondeur, dans un esprit Black très personnel, rien de tel pour nous transporter dans un univers tragique entrecoupé de noirceur mélodieuse.
Les contrastes sont de mise durant tout le set, et si la violence brute prédomine, les éléments agressifs sont contrebalancés par des breaks pesants et mystérieux, qui transcendent les thèmes mythiques et philosophiques de la Grèce Antique.
Eschyle, Sophocle, Platon ou Homère parlent à travers leur musique, et vivent encore à travers ce groupe puissant. Bon, ok, je m’emballe peut-être un peu, mais Angers et Athènes se sont bien rejoint ce soir pour le plus grand plaisir d’un public aux anges !
Il est maintenant temps pour les festivaliers d’aller recharger leurs batteries car le samedi risque d’être intense. Quant à moi, ce sont les batteries de l’appareil photo que je vais recharger, histoire de ne rien manquer des festivités de demain.