Report par Sabrina M. Lozen – Photography / extrhttps://france-metal.fr/wp-admin/edit.php?post_type=elementor_library&tabs_group=libraryait vidéo kermhit
Début juillet, la scène Métal organise des festivals depuis quelques mois, et de mon côté, je me prépare pour mon premier rendez-vous de l’été, le Plane’R fest. Si vous recherchez des informations sur l’évènement, vous trouverez une description assez laconique et quelque peu saugrenue sur le Net : « Rock in Montcul ». Et non, n’en déplaise à certains, il ne s’agit pas d’une invitation salace, Montcul est simplement le lieu-dit situé sur la commune de Colombier-Saugnieu (69, ils persistent et signent !) qui accueille cette année encore cette 7ème édition avec une affiche riche en diversité et belles surprises en perspective. Cette fois encore, l’orga nous a concocté de quoi varier les plaisirs musicaux et ambiances extrêmes. Ça va saigner ! Inutile de faire durer le suspense plus longtemps, je vous invite à me suivre dans mes pérégrinations de ces 5 et 6 juillet 2024.
Jour 1 – 05/07/2024
L’ouverture des portes étant prévue à 18h, j’arrive tranquillement dans l’après-midi pour installer la tente en plein cagnard, avant de me diriger vers le site à quelques centaines de mètres du camping. C‘est encore calme à cette heure, les premiers arrivés se préparant doucement à la déferlante sonore en sirotant une petite bière à l’ombre. Le site de Montcul est agréable, assez vaste pour ne pas se marcher dessus, mais bien agencé de manière à ce que tous les postes stratégiques soient accessibles rapidement. Les aspects bouffe et boissons ne sont pas le point fort du fest. Comme l’année passée, l’offre est plutôt sommaire, avec un seul stand pour s’acheter traditionnelles frites ou burgers, ainsi qu’un foodtruck. Les végétariens peuvent y trouver leur compte, mais disons qu’il ne faut pas faire la fine bouche. Personnellement, j’ai été formatée aux fests « Pils-frites durant 3 jours » du début des années 2000, donc ça me convient bien, mais pour le public qui cherche un peu de diversité, il y a encore un peu de progrès à faire.
Cela dit, le principal est bien là, les 2 scènes côte à côte, nommées Terminal 1 et Terminal 2, pour que l’aviateur mort-vivant, égérie du Plane’R fest, puisse retrouver facilement son chemin au milieu de l’armée des ombres. La bataille va bientôt commencer d’ailleurs puisque Drive North vient de monter sur scène.
Le groupe lyonnais fondé en 2022 évolue dans la scène Métal & Hardcore mais n’hésite pas à sortir des sentiers battus en ajoutant à ses compos des textures qui sonnent quasiment punk, voire rock.
On reste néanmoins sur la recette « core » qui fonctionne toujours en live, entre le chant hurlé, les breaks savamment orchestrés, les riffs entraînants, et bien sûr les « jumps », cibles principales des photographes !
Bref, un agréable premier décollage dans les règles de l’art, pour un public qui s’engage fiévreusement dans les ténèbres.
Bon ok, même les ténèbres peuvent se parer de paillettes par moment. Non, ce n’est pas Taylor Swift qui décide de consumer la scène ensuite. De toute façon, à part quelques pauvres étincelles, elle n’arriverait pas à grand chose. C’est le Glam Métal de BlackRain qui déboule avec sa déferlante de soli et de riffs endiablés.
Et les Haut-Savoyards savent y faire pour faire vibrer les cœurs des Blackeux les plus endurcis du fond de la salle.
Une bonne dose d’autodérision, mais virile bien sûr, saupoudre un set haut en couleur tout droit sorti des années 80s avec des mélodies accrocheuses, et des envolées énergiques qui donne la pêche en ce début de soirée qui s’annonce sous les meilleures auspices.
Personnellement, si ce n’est pas le style que j’écoute spontanément, j’apprécie toujours ce genre de performance live méga jouissive.
C’est ensuite au tour des Parisiens de Point Mort de venir nous asséner leur post-Hardcore très personnel.
Bien sûr, le set transpire la violence et surfe sur les blast beats. Mais l’intensité vient de bien plus loin, à mon sens, des profondeurs des tripes, entre onirisme et mélancolie.
Les changements de tempos entrecoupés de blasts furieux, le chant féminin tantôt sauvage, tantôt désenchanté, les riffs tranchants ou réfléchis…vous l’aurez compris, Point Mort joue sur les contrastes, passant par toute la palette des émotions dans une ambiance lugubre mais pas désespérée.
Leur approche musicale combine puissance et émotivités, rendant leur set particulièrement prenant. Et chacun y réagit selon sa sensibilité : mosh pit ou transe extatique ?
Lorsque vous écoutez un morceau de Beast in Black, comme l’incontournable Blind and Frozen, vous y retrouvez absolument tous les ingrédients qui fait une chanson type de Power Metal. Ça ne m’étonnerait pas qu’ils aient inspiré Steve T pour sa célèbre parodie du genre d’ailleurs.
Bref, le but des Finlandais n’est pas de faire dans l’originalité sonore, les compositions carrées sont rapides et ultra dynamiques.
Les riffs ponctués de soli rythment le tout, et sont suspendus à un chant crié aux qualités indéniables, faisant monter la tension d’un cran. C’est l’efficacité qui prédomine, plus que la personnalité, et c’est suffisant pour accaparer l’attention des derniers engourdis dans la fosse.
Pour ma part, je n’ai rien contre le kitch, mais la guitare vert fluo et la basse avec une grosse tronche de diable version cartoon…..ça m’a presque cramé le capteur, il y a une limite à la décence quand même.
L’ambiance sur le site atteint doucement son paroxysme énergétique donc autant rester sur cette base, mais en version plus old-school. Et avec T.T.T., le pari est facile !
Pour les quelques ignares qui ne connaîtraient pas encore ce tout nouveau groupe qu’on voit partout dans l’Hexagone depuis l’année passée, les 4 compères ont monté ce projet…en hommage au Thrash (Tribute To Thrash quoi). Avec des membres et/ou fondateurs de groupes tels que Loudblast ou Agressor notamment, on peut dire qu’ils savent comment mener les hordes vers le chaos !
L’objectif est clair, faire des reprises de Thrash des années 80s tout en se faisant plaisir.
Et à côté des grands classiques du genre, la setlist permet de (re)découvrir des groupes et morceaux moins connus, le tout dans une bonne humeur contagieuse et une puissance de feu qui ne faiblit pas du début à la fin. Un petit régal pour les oreilles, mais un peu moins pour les cervicales !
Cette fois, on change drastiquement d’ambiance. Enfin, pas trop quand même, on n’est pas à la fête de la saucisse en train d’écouter Papy Jean-Claude jouer de l’harmonica hein. Mais reporter un live d’Igorrr, aka Gautier Serre, n’est pas chose aisée.
Le compositeur/musicien, toujours entouré d’acolytes talentueux, ne s’embarrasse pas d’étiquettes, et mêle allègrement les influences death, black, ou électro, avec des teintes baroques ou orientales par moment. Autant dire que sa musique ne laisse personne indifférent !
Avec 2 vocalistes (homme et femme), et un batteur, Igorrr repousse les limites de l’inconcevable, nous plonge dans le mysticisme ou la poésie lyrique, dans une ambiance lourde et mélancolique portée par un rythme lent et hypnotisant, ou dans l’univers des jeux vidéos avec quelques sonorités électros bien placées !
Déconcertés, envoûtés, extatiques, les festivaliers ne décrochent plus de la fosse, et moi non plus ! A chaque fois que je les vois en live, je suis juste subjuguée par la richesse et la qualité des compositions, et leur performance de ce soir n’est pas en reste. Que du bonheur !
C’est au tour de Black Bomb A de venir nous faire quelques loopings sonores…enfin, tonitruants plutôt.
Le groupe, qui fête cette années ses 30 ans d’existence, n’a de cesse de venir enflammer les scènes avec ses lives survoltés de Metal/Hardcore, portés par les 2 chanteurs emblématiques du combo.
Ça explose au rythme du martèlement de fûts, d’accélérations frénétiques de guitares et de vrombissement de basse aussi délicates qu’un catcheur professionnel, pour terminer en apocalypse nucléaire sans qu’on ait rien vu venir !
Enfin, si, ils nous ont quand même préparé psychologiquement en nous enrôlant dans quelque circle pits parfaitement non coordonnés, histoire d’accepter la lancée de parpaings qu’ils nous décochent sans pitié. Il faut avouer que, même si on n’est pas coreux dans l’âme, on peut difficilement rester stoïque face à cette déferlante d’énergie brute, on en redemande !
Pas le temps de reprendre nos esprits car c’est au tour d’un pionnier de la scène Metalcore américaine d’envahir l’espace, j’ai nommé Hatebreed.
Là, soyons honnête, ce n’est pas du tout ma came, pour les avoir vu plusieurs fois en live. Mais n’aimant pas m’enfermer dans des a priori, je persévère en tentant de rentrer dans leur Hardcore teinté de touches thrash et heavy qui pourraient me réconcilier avec le genre.
Rien à dire, les mecs sont pros, le show est propre, ça transpire la violence et la détermination. bref, ils gèrent leur set à la perfection.
Néanmoins, ça reste trop redondant à mon goût, j’ai toujours cette sensation d’écouter un seul morceau pendant une heure, avec une rythmique et un chant qui varient peu, me menant à une forme de catatonie irrémédiable. Ok, j’entends déjà les rageux me rétorquer que dans le Black, c’est pareil. Je répliquerai juste que c’est une hérésie de comparer le Black et le Metalcore….élitiste, moi ?
La soirée touche à sa fin, mais l’orga nous a concocté un petit dernier OVNI pour terminer en beauté cette première journée. Avec le nom improbable de Mars Red Sky, voilà donc un trio bordelais qui joue un stoner rock psychédélique subtil et inspiré.
Nous voilà naviguant dans un univers post-Metal d’obédience progressive, avec des riffs old-school d’inspiration Led Zeppelin ou Black Sabbath et un son lourd et sombre agrémenté de lignes mélodiques élégantes.
J’oserais même la comparaison avec du Doom psyché, même si certains morceaux sonnent bien plus rock, avec quelques grooves qui restent quand même discrets.
Globalement, ça fait redescendre l’adrénaline de la journée avec douceur, pour retrouver un semblant d’humanité avant d’aller dormir ou finir la soirée sur le camping pour les plus acharnés.
Pour ma part, après l’effervescence, le repos, afin de garder le cap demain. Et j’ai un stock d’enclumes à lancer sur les comiques qui se hasarderaient à crier « Apéro » cette nuit !