Report par Sabrina M. Lozen – Photography 

Le mois d’avril est déjà bien avancé, il est plus que temps de sortir d’hibernation pour aller s’ébrouer dans quelque salle ou lieu douteux de l’Hexagone.  J’admets qu’après ces quelques mois à vaquer à différentes activités casanières, ma témérité demande encore un peu d’entraînement, donc j’ai commencé par une petite sortie près de chez moi, dans un environnement où personne ne s’attend vraiment à voir débouler des hordes de Métalleux en furie.  Bien que la ville thermale de Châtel-Guyon ait un attrait touristique indéniable,  mon intérêt de ce samedi 20 avril s’est porté sur la salle des fêtes qui accueillait un bon gros son heavy qui a délicatement embaumé l’air de testostérone, d’huile de moteur et d’odeur de cuir tanné. En effet, MCP Vulcan Hot Road a réussi l’exploit de faire venir Le sieur Blaze Bayley et ses acolytes dans un fief perdu des contreforts du Massif Central pour sa dernière date en France avant longtemps !  Je ne pouvais pas rater ça et ça valait bien la peine de sortir de ma taverne…pardon, caverne.

Je ne vais pas faire l’affront de présenter Blaze Bayley, dont la notoriété s’est forgée initialement suite à son rôle de chanteur d’Iron Maiden sur les albums X-Factor et Virtual XI.  Néanmoins, après son départ du groupe en 1999, Blaze n’a pas chômé et sa carrière solo, bien que moins connue, n’en reste pas moins admirable et prolifique, avec 11 albums studio et plusieurs albums live.  Et, ce qui rend ses shows d’autant plus attendus, c’est que malgré les années et pas mal de soucis personnels, l’homme reste totalement investi, passionné et particulièrement connecté avec ses fans.  C’est dans cet état d’esprit que le Vulcan Fest s’est ouvert à 19h, avec un premier temps fort d’une heure de rencontre avec le public où les passionnés pouvaient venir faire dédicacer leurs trésors amoureusement collectés et discuter avec toute la bande de furieux Britanniques.  Un bon moment également pour admirer les 2 belles bécanes placées judicieusement juste devant la scène (désolée pour mes amis bikers, ne me demandez pas la marque, modèle, année, type de carburateurs ou autres détails incongrus, je n’en ai pas la moindre idée !) et d’aller tester le bar avant le lancement des hostilités.

Bon, c’est pas tout ça, mais il est 20h et il est temps de plonger dans le Heavy avec fureur et délectation.  Pour se chauffer en ce début de soirée, c’est le groupe clermontois The Jekylls qui déboule sur scène avec un Heavy rock accrocheur qui donne tout de suite le ton !

Un bon son bien énergique allégé par des lignes mélodiques, qui n’est pas sans rappeler, sans surprise, certains pionniers de la NWBHM.

L’influence est palpable, on reste bien en Europe, les USA n’ont pas leur mot à dire ce soir !  Le riffing est puissant, les refrains fédérateurs, les soli travaillés, de quoi faire battre les cœurs des blousons de cuir à l’unisson.  Et commencer à faire lever les bras, secouer les têtes et faire apparaître les premiers faciès béats.

Bref, le quintette a gaillardement percuté le public de plein fouet sans tenter d’arrondir les angles.  On n’en attendait pas moins d’eux !

Une petite pause d’une demi-heure n’est pas de trop pour se revigorer et se préparer pour l’arrivée d’Absolva.

Également backing band de Blaze, les 4 compères envoient du lourd sans crier gare.  Mais attention, il n’y a rien de grossier dans leurs compositions, portées avec finesse par les guitares des frères Appleton (Chris au chant et guitare lead, Luke à la guitare lead/rythmique).

Le set varie les ambiances, entre hymnes heavy mid-tempo d’une efficacité redoutable et morceaux  plus rapides et épiques, le tout sous la houlette des martèlements de pédale de grosse caisse et d’une basse bien présente et puissante.

Des avalanches de soli cinglants laissant la place à des refrains entêtants, c’est technique tout en étant efficace en live, du Heavy mélodique de bonne facture en somme, fait pour disloquer les nuques et ravir la foule.  Chris ne se lasse pas de haranguer les rugueux Hardos de la fosse et ça marche !  On voit que le groupe aime le live et sait mener un show, en tout bons passionnés qu’ils sont.  L’intensité musicale monte crescendo dans la salle.

Et voilà déjà la dernière ligne droite de la soirée avec un Blaze Bayley qui prend possession de la scène, visiblement heureux de pouvoir mettre le feu à la salle des fêtes.

Comme à son habitude, il donne tout, chantant avec passion et transcendance.  Les musiciens ne sont pas en reste et comptent bien terminer en beauté cette dernière performance en France !  Sur base de riffs bien rageurs entrecoupés d’arpèges élégants et bien posés, Blaze chante de manière grave et poignante, y mettant toutes ses tripes et son âme.

Les morceaux n’en sont pas moins énergiques et épiques, galvanisant notre bonne humeur sur des refrains catchys et furieux, portés par une rythmique irréprochable.  Et le combo n’oublie pas les nostalgiques des premières heures, en reprenant également pas moins de 9 morceaux de l’époque Iron Maiden (Lord of the Flies, Sign of Cross, Judgement of Heaven, Fortunes of War, When Two Worlds Collide, Lightning Strikes Twice, Clansman, Como Estas Amigos, Man on the Edge) ! Faisant partie des fans des pionniers du Heavy qui apprécient autant les albums X-Factor et Virtual XI que les autres de leur discographie, j’ai replongé avec délectation dans mes jeunes années grâce à ces morceaux !

L’entièreté du set nous a donc à nouveau montré toute la richesse musicale du groupe et une diversité de compositions qui s’ancre à la perfection dans l’esprit heavy de la soirée.

Sans oublier les intermèdes habituels où Blaze nous fait entrer dans son monde par diverses anecdotes, remerciements, et manifestations de joie.  Une belle manière également de donner envie de découvrir leur dernier album, Circle Of Stone, sorti en ce début d’année pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait.

Comme toute bonne chose a une fin, il a bien fallut finalement terminer la soirée sous les acclamations d’un public revigoré, prêt à affronter le retour dans le froid d’une nuit en montagne sans appréhension, quitte à revivre encore un peu le moment en scandant quelques refrains mémorables dans la voiture, tant qu’à faire durer le plaisir !

Le mot de la fin

Merci à MCP Vulcan Hot Road et à toute l’équipe organisatrice qui nous ont gâté avec cette soirée musicale riche en sensations.  Et ce n’est assurément pas un défi facile à relever de faire venir des groupes de qualité, qui portent avec brio l’esprit du Métal, dans un coin reculé du centre de la France, où le nombre de charolais par mètre carré est plus élevé que le nombre d’habitants.  Avec environ 300 entrées réalisées, c’est une belle prouesse, confirmant que la passion pour la musique n’a pas que sa place dans les métropoles.   Merci bien sûr également aux groupes d’avoir répondu présents et de nous avoir déglingué les tympans bien comme il faut.  Ce fut un régal et on a hâte de voir ce que les organisateurs nous concocteront pour la suite.