Hellfest : retour sur l’édition 2023

Des attentes toujours plus fortes

L’édition 2023 devait être l’édition de tous les défis.

Savoir surprendre coté programmation après la double édition dantesque de 2022 sur laquelle par moins de 300 groupes s’étaient succédés sur 7 jours de festival avec un point d’orgue la toute première venue des tant attendus patrons du Trash METALLICA.

Savoir répondre aux défis d’une demande toujours plus forte et exigeante en terme d’expérience festivalier, que ce soit sur les facilités offertes sur le site, que pour les déplacements, la restauration ou l’ingénierie son.

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Savoir enfin répondre en terme d’exemplarité sur les sujets sociétaux, de plus en plus présents dans le monde de l’événementiel, tels que l’empreinte écologique du festival, les actions pour prévenir les agressions sexuelles ou physiques.

Le tout dans un contexte d’image quelque peu écorné depuis peu sur les réseaux sociaux pour des raisons diverses dont l’analyse sort quelque peu de cet article. Disons que pour certains, le festival est devenu une cible d’attaques sur les réseaux sociaux. Le fruit du succès me direz vous. Certes, mais il y forcément toujours à apprendre de ces remarques, attention que le festival porte depuis toujours à ses festivaliers, force en est de constater combien d’améliorations sont issues des remontées terrain collectées après coup. Et bien sur il y a les aigris, ceux qui sont frustrés soit de ne pas avoir pu décrocher le sésame, soit que cela ne soit plus comme avant et qui épanchent nostalgie et frustration sur les réseaux sociaux.

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Oui le festival a changé et continuera de changer, la marche en avant est irréeversible, comme l’est celle du monde où nous vivons. La chemin choisi et assumé par la direction est bien celui d’un festival tout autant que d’une attraction touristique. Et les projets de durcissement d’une brasserie au Louxor ou encore de la gardienne des ténèbres abondent bien en ce sens. Et ce ne sont pas les collectivités locales qui s’en plaindront. Oui le site du Hellfest est en passe d’être sur la liste des sites à visiter au même titre que l’éléphant des nefs des anciens chantiers navals Dubigeon.

Alors bien sur cette évolution a une influence forte sur le public du festival. Chaque année et plus que sur d’autres festivals, de très nombreux primo-festivaliers se pressent sur le site. Pas du tout habitués des festivals et encore moins des salles de concert durant l’année, ils saisissent l’occasion d’obtenir des pass en octobre pour s’essayer à l’expérience clissonnaise. Ils n’ont pas forcément les codes, ils n’aiment pas forcément le mosh pit, ils veulent découvrir des courants musicaux, ils vont surtout sur les mainstages, ils sont surtout là pour l’ambiance. Ils sont les « touristes ». Ce nouveau terme employé par des « vrais » auto-proclamés sur des plateformes sociales ou au fond d’un bar. Faut-il y voir un rejet d’une présence de festivaliers moins représentatifs des courants contestataires et marginaux qui furent à la génèse de certains courants musicaux représentés sur le festival  ? A vrai dire nul n’est réellement légitime pour en juger. La normalité a ceci de constant qu’elle est relative. Relative à une norme et à la majorité. C’est par essence amené à changer avec le temps. N’en déplaisent à une catégorie de puristes qui n’ont d’autre choix que de se retourner sur d’autres offres de festivals. Dommage que ce glissement vers d’autres cieux doive systématiquement s’accompagner de critiques acerbes sur un produit qui ne leur convient plus.

L’évolution de la popularité de l’événement a, nous l’avons vu, une incidence sur l’arrivée de nouvelles populations et par la même la tension créée sur la billetterie a un effet négatif sur la capacité à s’assurer de pouvoir aller à ce festival avec sa tribu. Contrairement à il y a encore quelques années, il devient difficile de décider d’aller au Hellfest avec une bande de 10 potes. 4 auront leur pass, 3 décideront de faire bénévoles pour pouvoir y être après avoir échouer à décrocher le sésame, 3 autres renonceront.

Et puis enfin il y a le prix du pass. Même s’il sera stable l’année prochaine, la population pouvant se permettre d’aligner plus de 300 € pour un weekend de festival est plus limitée.00 Ambiance 8219 FranceMetal

Néanmoins, et comme chaque année, le festival était sold-out près de 9 mois avant l’édition, s’assurant ainsi une confortable avance sur trésorerie qui permet de diminuer les risques financier lors de la préparation de l’édition. Preuve en est que quoi qu’en disent les râleurs, l’événement est bien toujours à la hauteur des attentes.

Revenons sur ces attentes.

La programmation tout d’abord. Certes après le gros coup Metallica, on pouvait s’attendre à ce que celle ci nous parût fadasse. Pour autant, une prog d’un  niveau plus qu’honorable nous a été présentée. Jugez du peu sur ces quelques exemples :

  • Jeudi : Kiss, Architects, Parkway Drive, Behemoth, Hypocrisy, Amenra
  • Vendredi:  Mötley Crue, Def Leppard, Rancid, Sum 41
  • Samedi : Iron Maiden, Carpenter Brut, Within Temptation, Municipal Waste, Monster Magnet, Clutch, Messhugah, The Hu
  • Dimanche : Tenacious D, Slipknot, Pantera, ROTNS, Testament, Paradise Lost

Avouez que c’est quand même plutot pas mal non ?

Les attentes festivaliers, comme vus en détail ci-dessous auront été prises en compte avec notamment une nouvelle scène extérieure dédiée au doom/stoner, un nouveau site pour le merchandising, un agrandissement de plus d’un hectare du site avec jauge inchangée et un niveau d’exigence toujours impeccable sur les stands de restauration.

00 Ambiance 0953 FranceMetalSur les aspects sociétaux en revanche, du travail reste à faire malgré une bonne volonté affichée concernant la prise en compte de la prévention agression (patrouilles Hellwatch, communication, sensibilisation). Sur l’aspect « RSE » le festival reste à la traine par rapport à ce qui peut se faire dans les pays nordiques, le Danemark en tête. La prise de conscience est là et nul doute que le festival s’attaquera à ces sujets prochainement. Gardons en tête avant de critiquer le niveau des mesures mises en place que l’équipe du festival est avant tout organisateur de concerts et s’attaquer à des sujets de société n’est pas chose facile. Cela n’enlève en rien l’obligation de prendre ces sujets à bras le corps mais cela oblige à un minimum de retenue et à éviter de faire un bashing systématique des équipes dès lors qu’un semblant de faux pas, de manquement ou qu’une communication hasardeuse est détectée.

On notera enfin l’absence de conférence de presse le dimanche soir en clôture du festival.  Une bonne partie des éléments restitués sur le bilan du festival par Ben Barbaud sont donc issus de l’interview accordée le 3 juillet à nos confrères de Rockhard disponible dans le HS spécial Hellfest n° 28, peut-être encore disponible dans les kiosques, et que je vous invite à lire plutot que de vous faire un avis selon la lecture du 38e poste de Kevin sur le sujet sur son Insta.

En synthèse, le directeur du festival revient sur l’absence de problème majeur, sur l’accueil de la nouvelle scène, du sanctuary, sur les sujets sociétaux à améliorer et également sur des sujets plus personnels que nous n’aborderons pas ici. Je ne peux que vous inviter à la lecture de cette interview.

Retour sur l’édition

Cette édition qui perennise donc désormais le modèle sur quatre jours s’est déroulée dans des conditions météo relativement favorable si l’on excepte le gros orage du dimanche matin.

Un public assez familial et toujours bonenfant, une circulation sur site en théorie améliorée sans que cela soit très perceptible, peut-être du mieux pour les personnes oscillant entre Valley et Warzone, surement moins bien pour celles allant de la Valley à la Temple. Un merch artiste et festival décentrés de la zone concert, excellente idée. Enfin un point relativement partagé de manière unanime et selon moi très important car nous sommes avant tout là pour assister à des concerts : la qualité de son sur l’ensemble des scènes était de l’avis général en nette amélioration et ça c’est vraiment une excellente nouvelle qui impacte ce pourquoi nous sommes là, peut-être d’avantage que la couleur de la peinture du 3e vitrail de l’allée menant à la cathérale.

Mais penchons nous plus en avant sur les nouveautés concoctées par le festival pour cette mouture 2023.

Les nouveautés 2023

Une nouvelle sculpture d’accueil

00 Ambiance 7400La première nouveauté qui saute aux yeux en arrivant sur l’espace concert, c’est à dire juste après avoir franchi l’immense cathédrale, c’est une toute nouvelle sclupture. Signée de l’artiste Philippe Pasque, désormais un habitué du site puisqu’il avait déjà par le passé habillé l’entrée du petit bois connu sous le doux nom de « kingdom of muscadet » d’une très belle oeuvre matérialisant la vie et la mort selon le point de vue.

La sculpture reprend un design désormais bien connu et représenté déjà à divers endroits du festival : le crâne aux papillons. Il en existe plusieurs sur les différents espaces du site. L’un des plus connus et visibles, de blanc immaculé se trouve au milieu du Hell City Square, cet espace aménagé à la « Camden » qui fait le lien entre le Metal Corner et l’espace Concerts.

Il y en a un autre, tout gris et plus petit qui trône au milieu du bassin de l’espace VIP-Presse.

Et d’autres de ces sculptures de crânes au papillons se trouvent dans les locau de Hellfest Production ou encore dans les espaces partenaires et artistes.

Celui-ci s’illustre par un matériau particulièrement réfléchissant qui tel un miroir reflète la lumière et les environs sur toute sa surface par endroits lisse et par d’autres très travaillée. Il faut bien avouer que sou sle beau soleil des premiers jours cette statue était du plus bel effet. Notons qu’elle trône au dessus d’un socle assez massif sur lequel un logo assez petit du Hellfest et une phrase « Welcome to Hellfest » sont inscrites. Un endroit qui est très vite devenue « the place to be » pour se faire photographier et montrer à ses followers qu’on y était ;-) un peu à l’instar de ce qui se fait depuis 2017 à l’entré de l’espace VIP au fond.

La nouvelle scène VALLEY

L’une des nouveautés incontestable de cette année était sans nul doute le déplacement de la scène consacrée aux musiques doom/stoner/psych et assimilées : THE VALLEY. De plus en plus populaire, cette scène historiquement située sous un chapiteau (de 2012 à 2014), puis dans la même immense tente que les TEMPLE et ALTAR (depuis 2015) avait déjà montré par le passé ses limites en terme de capacité et d’accès.

00 Ambiance 8541 FranceMetalEn effet de plus en plus de groupes à très forte popularité sont programmés sur cette scène. Certains d’ailleurs sont déjà passés en Main Stage (c’était le cas de Clutch lors de son dernier passage et qui cette année revenait à la VALLEY).

Exit la tente donc qui laisse la place à un immense temple dédié au Merchandising du festival (voir plus bas).

C’est  donc sur un espace ouvert de près de 6000 m² face à la scène pour une surface ajoutée totale d’environ 1 ha (10 000 m²) que la nouvelle scène voit le jour. Notons que la configuration de cette année se veut temporaire et qu’elle est amenée à fortement évoluer l’an prochain si nécessaire. Les délais entre les acquisitions foncières, les travaux et le festival ne permettaient pas de bâtir une version définitive. Et puis au fond, cette Valley temporaire permet de tester le concept et de l’ajuster car au cela représente un sacré bouleversement pour les afficionados de ladite scène.

Si on pouvait grosso modo tenir à 5-6000 personnes sous la tente précédente, la prod estime à environ 15 000 personnes l’affluence rendue possible grâce à la nouvelle configuration. C’est déjà un point très fort en faveur de cette dernière. Et pourtant, l’accueil est mitigé. Il y a les pros et les contres. Peu d’avis médians, c’est souvent tranché. Car oui certains groupes ont eu du mal à faire entrer le public dans leur univers sous un éclairage écrasé par la lumière frontale du soleil en plein après midi. La scène, comme les Main Stage d’ailleurs prend toute sa dimension à la nuit tombée, c’est le lot des scènes exitérieures.

00 Ambiance 8512Le son quant à lui était au rendez vous sur cette nouvelle scène, entourée qui plus est d’un nouvel espace restauration et de tables pour se poser avec sa bière et son « take-away ».

De nouvelles toilettes ont été ajoutées entre la Valley et le petit bois, peut-être pas le meilleur endroit en terme de circulation, les queues d’accès bloquant régulièrement les flux entre la scèen et l’espace Main Stages.

Enfin notons la présence remarquée sur un espace dédié de la magnifique roue de Charon, célèbre sculpture qui avait trôné il y a quelques années au Burning Man et qui avait fait une pige il y a deux ans sur les bords de la Loire à Nantes où on avait déjà pu admirer le mécanisme et les effets stroboscopiques (surtout la nuit). Une série de squelettes orne la roue qui est tirée par qui veut bien y laisser de l’huile de coude. Chaque squelette étant décalé par rapport au précédent et illuminé par un flash la nuit, il en résulte une impression de mouvement d’un rameur traversant le Styx. Du plus bel effet. Et particulièrement dans l’esprit du festival, même si je l’aurais d’avantage associé à la TEMPLE qu’à la VALLEY.

Le sanctuary

00 Ambiance 8158 FranceMetalL’espace libéré par l’ancienne VALLEY a donc été consacré au SANCTUARY. Cet immense temple dédié au Dieu consommation est de fait la plus grande structure commerciale démontable qui soit à ma connaissance. Destinée à désengorger les files d’attentes qui s’enroulaient en plein milieu de l’espace concert auparavant, elle affiche une image forte associée à la puissance de la marque Hellfest et à la ferveur des fans qui sont venus dès le jeudi très nombreux faire la queue pour obtenir leurs t-shirts, sweats ou autres casquettes à l’éffigie du festival.

Résultat sans surprise, des heures de queue et des files à rallonges. Mais pour autant, une impression que tout ce petit monde était excentré dans son coin et de fait bien moins gênant pour ceux qui préféraient aller voir les concerts.

A noter que l’espace Merch Artiste a lui aussi rapatrié près de l’accès au VIP et est donc de ce fait bien plus accessible qu’au pied des loges et de l’accès photographes des Mainstages.

Plutôt une réussite donc même si on pourra trouver que la structure toute noire dans un style gréco-romain satanique fait tout de même un peu massive dans le paysage.

A la tombée de la nuit, la scuplture trônant an haut du fronton voyait ses yeux rouges s’allumer, donnant à l’ensemble un très bel effet.

Du coté du Metal Corner

00 Ambiance 7475 FranceMetalQuelques modifications côté Metal Corner mais rien de vraiment majeur.

Cela fait maintenant quelques années que la configuration est stable même si on a vu l’an dernier l’espace HELLFEST CULT traverser la place pour se trouver sur la gauche et la scène du Metal Corner grossir et passer quant à elle sur la droite. Configuration inchangée cette année sur ce plan là, à l’exception (notable que pour les « culteux ») de l’aménagement intérieur de l’espace fan-club, entièrement repensé autour des concerts et du bien-être.

Les deux tentes de DJ qui avaient fait leur apparition avant le Covid ne sont donc pas revenues cette années encore.

On trouve donc en vrac, du Merch, de la restauration, des bars à thème, des toilettes, des stands de recharge pour les portables, etc. D’immenses terrases avec des parasols pris d’assaut cette année encore rendent fort agréables les petits séjours entre amis de ce coté du festival.

En synthèse

Bien entendu un festival de musique ne serait pas un festival de musique sans un petit focus sur la programmation.

Cela fera l’objet d’un autre article consacré jour après jour à nos pérégrinations musicales au sein d’une offre pléthorique dont on a toujours du mal à penser que certains arrivent à se plaindre.

Cette édition en synthèse aura donc été une réussite une fois de plus. Tout s’est bien passé, les infrastuctures ont permis d’encaisser plutot bien l’orage du dimanche matin sans catastrophe majeure et rien que ça quand on voit les dégâts qu’il y a pu avoir cette année sur d’autres festivals à cause d’événements météo c’est déjà très bien.

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On retiendra un gros bémol seulement, la cacophonie du jeudi lorsqu’il a fallu faire la queue (encore) durant plusieurs heures pour accéder à l’espace concerts, fouille oblige, frustrant de nombreuses personnes et aussi les groupes qui ouvraient devant des parterres un peu clairsemés. Autant dire que s’il n’y a que ça, c’est plutot positif.

 

Il y a donc encore des choses à améliorer.

La circulation autour de la VALLEY, l’accès au site le premier jour, etc mais on fait confiance à l’équipe du festival pou r travailler d’arrache pied à trouver des solutions et faire évoluer la machine HELLFEST. Nul doute que l’an prochain nous réservera ancore bien des surprises.

 

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